Accepter ma surdité de sévère à profonde qui a été diagnostiquée à l'âge de 18 mois a été un processus long. Ce n'est qu'en 2017 que j'ai décidé d'entamer une démarche pour y parvenir. Avant ça, que ça soit dans mon entourage personnel ou professionnel, je ne parlais pas de mes défis de communication au quotidien.
Mais pourquoi est-ce que ça peut être long pour certains d'accepter leur différence? En ce qui me concerne, ma surdité est un handicap invisible. Que ça soit à l'école, avec mes proches ou au travail, je faisais tout pour ne pas me sentir différente. Mais, pourtant, je l'étais.
Le manque de modèles
Ayant grandi dans un monde entendant, m'intégrer aux personnes sourdes et malentendantes ne m'a pas toujours intéressé. Et ce, pour une raison que j'ignore. J'ai compris plus tard que c'était parce que je ne m'identifiais pas à elles parce que leur surdité était plus apparente que la mienne. En partie parce qu'elles n'utilisaient pas la voix pour communiquer, elles avaient des prothèses auditives visibles ou encore un autre handicap.
Lorsque j'ai entrepris ma démarche d'acceptation de ma surdité, en 2017, j'ai décidé de reprendre contact avec plusieurs de ces personnes pour tisser des liens, mais aussi mieux comprendre ce que je vivais au quotidien. J'ai aussi consulté différents professionnels de l'audition. C'est ce qui m'a amené à faire une demande pour un implant cochléaire que j'ai obtenu en 2019. C'est aussi ce qui m'a amené à partager publiquement mes défis de communications et mieux m'identifier en tant que personne vivant avec une surdité. Par exemple, je ne dis plus aujourd'hui que je suis malentendante. Je dis fièrement que je suis sourde et que j'entends grâce à un implant cochléaire.
Valoriser sa différence
Les choses ont beaucoup évolué depuis quelques années. De plus en plus de personnes partagent ouvertement sur les réseaux sociaux comment elles ont réussi à surmonter leurs obstacles ou encore à transformer leur différence en force. C'est très positif. C'est la meilleure façon, selon moi, de valoriser sa différence. Ça permet de briser le sentiment de solitude, de mieux s'identifier et de donner espoir à d'autres personnes qu'elles peuvent accomplir de grandes choses.
Je profite donc de l'occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées qui se déroule chaque année (1er au 7 juin) pour rappeler à tous ceux qui vivent une différence l'importance d'en parler et de saisir différentes opportunités pour le faire.
Mon message s'adresse aussi à la population en général. Après tout, être différent est aussi une question de couleurs de peau, d'ethnies, d'identités de genre, d'orientations sexuelles, etc. Tout comme avoir vécu un moment marquant dans sa vie.
Kim Auclair, Consultante en communication Web, Québec