Une adolescente de 13 ans demande des explications au gouvernement québécois, après avoir appris qu’elle perdrait son travail en raison du projet de loi 19.
«Pourquoi je devrais perdre mon emploi? On manque déjà de main-d’œuvre ! À mon travail, mes collègues sont dans le jus. Elles sont soulagées de me voir arriver pour que je prenne la relève des petites tâches», proteste Emma Valiquette du haut de ses 13 ans.
Selon elle, les jeunes sont essentiels au bon déroulement des quarts de travail, puisqu’ils sont présents pour soutenir les autres employés.
«S’il n’y a plus de jeunes, alors les autres employés vont devoir faire les tâches que nous faisions. Ils vont être encore plus débordés», explique l’adolescente.
Depuis un an, l’adolescente participe tous les dimanches à la préparation des déjeuners au Café de la Brûlerie, à Granby. Pendant quatre heures, elle s’occupe de beurrer les « toasts » et aide les serveuses.
«Mon travail me fait gagner de l’argent de poche, oui, mais ça me permet aussi de sortir de la routine de l’école et des devoirs. Ça me permet aussi de voir mes amies», explique-t-elle.
Chaque semaine, Emma attend le week-end avec impatience. Ce dimanche, pourtant, est teinté d’amertume. Bientôt, Emma perdra son emploi. C’est du moins ce que prévoit le projet de loi 19, adopté à Québec jeudi après-midi, qui fixe à 14 ans l’âge minimal pour travailler au Québec.
Un besoin d’autonomie
Pour Emma, travailler lui permet une plus grande indépendance, ce dont rêvent tous les adolescents. Elle estime avoir beaucoup appris aux côtés de ses patrons et de ses collègues, en sortant de la maison.
«Je ne sais pas ce que je vais faire cet été ! Je suis rendue trop vieille pour le camp de jour, je ne veux pas y aller. Je vais devoir rester à la maison, même si je voulais travailler», déplore-t-elle.
Sa mère, Mélanie Lemaire, est aux premières loges de l’évolution d’Emma depuis son embauche. En un an, elle a vu sa fille gagner en confiance et développer de nouvelles aptitudes.
«Emma, je me suis rendu compte que je l’avais beaucoup maternisé, parce que c’est ma plus jeune. En travaillant, même si c’est juste quatre heures par semaine, elle a vraiment gagné en autonomie et ça l’a valorisé», constate la mère de famille.
Mélanie Lemaire admet que certains jours sont plus difficiles que d’autres pour Emma, qui vit parfois des situations plus anxiogènes au travail.
«Je l’accompagne toujours là-dedans et on en parle. Je pense que c’est une belle façon de rencontrer d’autres personnes, d’apprendre à respecter l’autorité et à se montrer polie. Elle développe plein de compétences», souligne-t-elle.
Le projet de loi 19
- Il fixe à 14 ans l’âge minimal pour travailler au Québec.
- Il interdit aux 14 à 16 ans de travailler plus de 17 heures par semaine pendant l’année scolaire, à l’exception des congés.
- Dès la sanction du projet de loi, les employeurs auront 30 jours pour congédier leurs employés de 13 ans et moins.
- Des explications s’appliquent.