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À la barre, le prince Harry dénonce l'intrusion de la presse et raconte sa souffrance

Un face-à-face courtois, mais implacable: le prince Harry a été confronté mardi pendant cinq heures à un interrogatoire ciselé, mené par l'avocat de l'éditeur d'un tabloïd britannique qu'il accuse de collecte d'informations illégales devant la justice britannique.

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Portant un costume sombre, le fils cadet du roi Charles III prend place dans le box des témoins dans une salle située à l'intérieur d'un bâtiment moderne de la Haute Cour de Londres.

Une fois effectuée la prestation de serment, suivie d'un mot de son avocat qui tient à s'assurer que son client consent à ce qu'on l'appelle prince Harry, ce témoin hors du commun - aucun membre de la famille royale n'avait plus témoigné devant la justice depuis plus d'un siècle - se trouve livré à l'avocat de celui qu'il accuse.

Car, comme le veut la procédure à ce stade de ce procès au civil, c'est l'avocat de la partie poursuivie qui mène la danse. Andrew Green commence par présenter de vive voix les «excuses» du groupe de presse MGN, qui édite le Daily Mirror ainsi que ses éditions dominicale et people. «Ça n'aurait jamais dû se produire et ça ne se reproduira jamais», insiste l'avocat.

Des excuses limitées aux faits que reconnaît le groupe de presse, qui récuse en revanche les accusations de piratage de messageries téléphoniques.

D'un côté, un prince qui se dit traumatisé par les intrusions répétées de la presse ayant marqué sa vie. De l'autre, un avocat qui connaît son dossier sur le bout des doigts et est déterminé à ce que son client n'endosse que la responsabilité de ses propres écarts, mais pas plus.

«Sang sur les mains»

Dans le détail, Andrew Green interroge le prince Harry sur le lien de causalité qui peut être établi entre tel article et ses griefs, cherche à savoir s'il les avait lus, comment il en avait eu connaissance, nombre d'entre eux datant d'une époque où il était enfant ou adolescent.

«Je ne m'en souviens pas», «c'était il y a 20 ans», «peut-être mais je n'en suis pas sûr», répond le prince Harry, qui se plaint des intrusions de journaux qu'il décrit comme sans pitié.

«J'ai connu l'hostilité de la presse depuis que je suis né», déclare-t-il, revenant sur l'état de paranoïa dans lequel l'ont plongé ces intrusions.

Quand les amis deviennent des suspects, «votre cercle commence à se restreindre», explique Harry.

L'avocat demande à Harry de s'expliquer au sujet d'une expression employée dans son témoignage écrit, pour savoir notamment si le «sang sur les mains» qu'ont selon lui les journalistes se rapporte à un article précis.

«Certains des rédacteurs en chef et des journalistes qui sont responsables d'avoir causé autant de souffrances, de bouleversements et dans certains cas, pour parler personnellement, la mort», a répondu Harry, dans une allusion limpide à sa mère Diana, morte en 1997 dans un accident de voiture à Paris, poursuivie par des paparazzis.

Le «sang sur les mains» est dirigé «plus largement contre la presse», a-t-il ajouté, précisant qu'il n'avait nommé aucun journaliste dans ce paragraphe.

Interrogé sur un article datant de 2002 du journal à sensation News Of The World, aujourd'hui disparu, affirmant, à tort selon Harry, qu'il avait fumé du cannabis, le prince s'en prend à un membre de la maison royale qui a coopéré dans cet article.

Interrogé sur l'intérêt public de cette affaire, Harry a répondu, cinglant : «il y a une différence entre l'intérêt public et ce qui intéresse le public».

Les questions précises de l'avocat, qui mardi ont permis de balayer une vingtaine des 33 articles litigieux, permettent de retracer des épisodes marquants de sa vie. De cette soirée déguisée où il était apparu en costume nazi à sa relation avec son ancienne petite amie, Chelsy Davy, et à leurs vacances au Mozambique.

À maintes reprises, l'avocat souligne que telle ou telle information était dans le domaine public bien avant d'être dans les colonnes des titres du groupe MGN, cuisine Harry sur les éléments dont il dispose pour étayer ses accusations.

«Tout le monde éprouve beaucoup de sympathie face aux intrusions dont vous avez souffert pendant votre vie», a lancé l'avocat Andrew Green «mais ce n'est pas pour autant que cela résulte d'activités illégales».

L'interrogatoire du prince Harry se poursuit mercredi matin.

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