«Martin Lévesque est une victime directe de la guerre» et sa voisine Patricia Sirois, qui est morte sous ses balles à Saint-Raymond de Portneuf, en est une collatérale, a plaidé son avocat mardi.
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L’accusé de meurtre au deuxième degré, un militaire à la retraite souffrant d’un trouble de stress post-traumatique, «a consacré les meilleures années de sa vie à représenter son pays» a martelé Me Pierre Gagnon, dans une ultime tentative de convaincre le jury de la non-responsabilité criminelle de son client.
Si «ce n’est pas le procès des Forces armées canadiennes», celles-ci ont eu des conséquences sur sa santé mentale qui ont «forgé» l’homme qu’il est devenu, selon lui.
Comme plusieurs de ses pairs, Martin Lévesque a été privé de la vie normale qu’il essayait précisément de redonner aux populations qu’il défendait à l’étranger, a-t-il soutenu.
«Martin Lévesque est une victime directe de la guerre», a-t-il déclaré.

Photo déposée en cour
Barricade de sacs de sable fabriquée par Martin Lévesque dans sa chambre à coucher. L’homme est accusé du meurtre de sa voisine Patricia Sirois, le 10 septembre 2021, à Saint-Raymond.
Victimes collatérales
Par le fait même, «Patricia Sirois, ses enfants, son conjoint, leur famille, leurs amis, toutes ces personnes sont des victimes collatérales de ces missions qui ont hypothéqué la santé mentale de Martin Lévesque et qui ont conduit à la tragédie du 10 septembre 2021», a soumis l’avocat.
«Tragédie que l’on ne peut s’empêcher de croire évitable si un suivi diligent avait été fait suite à l’appel logé par major Jacques», a-t-il poursuivi en référence à une connaissance de Lévesque.
Celle-ci a témoigné au procès qu’elle a rendu visite à Lévesque et sa conjointe à l’été 2021. Elle a vu la barricade érigée dans la chambre à coucher et était préoccupée par leur discours au point d’en aviser les «Anciens combattants».

Pierre-Paul Biron, Journal de Québec
Me Pierre Gagnon, avocat de la défense représentant Martin Lévesque dans son procès pour le meurtre de Patricia Sirois, survenu le 10 septembre 2021 à Saint-Raymond
Selon la théorie de la défense, Lévesque a souffert d’un trouble délirant de persécution. Le soir des événements, il aurait eu un épisode de «dissociation» si bien que ses réflexes de soldat seraient revenus à lui en croyant à tort que sa conjointe allait être renversée par le véhicule de Patricia Sirois.
Au moment de tirer six coups de feu vers la victime, devant ses jeunes enfants, Martin Lévesque était conscient qu’il déchargeait une arme à feu, mais ne pouvait pas en apprécier le caractère bon ou mauvais puisqu’il devait dans son esprit «éliminer le danger», selon cette théorie.
«Ça ne tient pas la route»
Pendant plus de deux heures, Me Gagnon a entrepris de contredire point par point les conclusions du psychiatre de la poursuite, Dr Sylvain Faucher.
«Ça ne tient pas la route», «c’est de vous amener sur une fausse piste», «spéculation», s’est-il exclamé en attirant l’attention des 14 jurés vers certaines affirmations du docteur.
Selon lui, les professionnels de la santé qui suivent Lévesque ont bel et bien décelé des signes d’un trouble délirant.
Au contraire, pour le Dr Faucher, «Lévesque n’était pas suffisamment perturbé par une psychopathie majeure pour l’empêcher de comprendre la nature des gestes qu’il a commis ou pour en apprécier la qualité».
Mercredi, le procureur de la Couronne, Me Matthieu Rochette, plaidera à son tour. Le juge Huot prévoit de livrer lundi ses directives au jury, qui sera ensuite séquestré pour établir un verdict.