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Relecture de 8000 prélèvements: une situation à ne pas prendre à la légère

Les autorités de la santé annonçaient vendredi dernier devoir procéder à la relecture de 8000 prélèvements en cytologie et en pathologie, qui ont été effectués entre le 1er octobre 2021 et le 18 mai 2023. C’est que des irrégularités qui ont été observées dans les rapports d'un pathologiste. L'ancien ministre de la Santé, docteur Gaétan Barrette, se dit préoccupé par cette problématique qu'il juge très sérieuse.

Le Dr Barrette explique que chaque fois que l’on retire un tissu humain sur une personne, l’échantillon doit obligatoirement être analysé, qu’il soit banal ou suspect.

Capture d'écran | TVA Nouvelles

«Ça veut dire que ça vaut pour une tétine sur la peau qu'on sait très bien qu'elle n'est pas cancéreuse jusqu'au cancer. Évidemment, l'inquiétude va varier en fonction du type de prélèvement», explique-t-il.

Impossible de savoir à ce stade-ci quelle erreur a été commise par le pathologiste en question et combien d’erreurs ont été répertoriées.

«Ou bien la lamelle a été mal préparée. Ou bien elle a été bien préparée et mal interprétée ou bien une combinaison des deux», suppose le Dr Barrette, qui ajoute que «s’il y a une erreur, il y a donc eu un délai. Et on sait que dans ces problèmes-là, ces maladies-là, le temps est un facteur aggravant ».

Et ce délai inquiète l'ancien ministre de la Santé.

«Est-ce qu'une lésion cancéreuse prise à un stade où on peut la retirer et littéralement guérir une personne versus 21 mois plus tard, où la lésion s'est répandue au point de devenir métastatique? Ça, c'est entre la vie et la mort. C'est très sérieux cette situation-là», dit-il.

Pas la première fois

Une situation similaire qui avait fait scandale à l’échelle nationale était survenue il y a près de douze ans, à Terre-Neuve.

«Dans le secteur de la pathologie, il y avait été démontré que le contrôle de qualité était tellement mauvais qu'il y avait eu des dizaines sinon des centaines de diagnostics ratés à cause de ça », se souvient Gaétan Barrette. Il ajoute que « le pathologiste, c'est la fin de la ligne. Si lui se trompe, il n'y a pas grand monde pour le vérifier».

Ce dernier précise qu’une double lecture a lieu sur certains échantillonnages pour assurer un contrôle qualité. C’est d’ailleurs lorsque certains échantillons ont été envoyés pour de plus amples analyses à l’extérieur de la région que le problème a été détecté.

«Il ne faut pas penser que le système de santé est infaillible, ça n'existe pas. L'enjeu ici c'est est-ce qu'il y en a eu trop? Ça prit combien d'erreurs avant d'en arriver à ça? C'est ça qui est le drame», ajoute-t-il.

Le CIUSSS en mode action 

Les autorités de la santé assurent que tous ceux pour qui les prélèvements devront être analysés une seconde fois recevront une lettre par la poste au cours des prochains jours. Parmi les 8000 prélèvements, 4000 seront analysés en priorités.

Capture d'écran | TVA Nouvelles

«On parle surtout de priorité au niveau de l'hématologie et oncologie», explique Mélissa Bradette, Conseillère cadre aux communications et relations médias pour le CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

«Si on vous contacte, ça ne veut pas dire qu'il y a un grand danger mais ça veut dire qu'il y a un enjeu. C'est comme ça qu'il faut le voir, il ne faut pas sauter aux conclusions», rassure le Dr Barrette.

Des effectifs ont été déployés aux quatre coins du Québec pour assurer une relecture rapide.

«Tout le monde de la pathologie est conscient des enjeux et au moment où on se parle j'en connais même personnellement qui ont accepté de participer à une relecture rapide», assure Gaétan Barrette.

La course aux résultats d'analyses confirmés est donc bien entamée. Toute personne qui désire avoir davantage d’information ou qui croit être visée par cette relecture pour communiquer avec le CIUSSS en composant le 1-833-681-0976 ou en consultant le www.santesaglac.gouv.qc.ca.

 

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