Les conservateurs réclament une enquête au Commissaire à l’éthique au sujet de la nomination de Michael Sabia à la tête d’Hydro-Québec, lui qui rédigeait un budget fédéral aux retombées importantes pour la société d’État quelques mois auparavant.
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Abordant le sujet en Chambre lundi, le porte-parole conservateur à l’Éthique Michael Barrett a soutenu que Hydro-Québec aurait fait de la «pression» de manière répétée auprès du ministère des Finances «tout au long» du mandat de M. Sabia, nommé sous-ministre en 2020.
«Hydro-Québec a approché M. Sabia au sujet d'un poste à pourvoir au sein de l'entreprise, mais M. Sabia a refusé d'y donner suite jusqu'à ce que le budget soit publié. Il savait en quoi consistait le poste et, comme par hasard, le budget contenait des avantages directs pour Hydro-Québec», a accusé M. Barrett.
En tant que bras droit de la ministre Christia Freeland, Michael Sabia était la principale ressource auprès de celle-ci pour la rédaction de ses budgets.
Le «Journal» a récemment confirmé que M. Sabia était au cœur des généreuses mesures pour la transition écologique du gouvernement incluses dans le budget 2023. Les crédits d’impôt avaient été pensés avant toute discussion avec Hydro-Québec ou le gouvernement de François Legault, ont nuancé les sources du «Journal» au fédéral.
Des discussions post-budget
«Je ne suis pas au courant des normes fédérales», a commenté mardi le ministre québécois de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.
«Moi, mes discussions avec M. Sabia sur Hydro-Québec ont eu lieu après le dépôt du budget. [...] Je l'ai rencontré après le dépôt du budget. M. Sabia a une éthique extraordinaire», a fait valoir le ministre au sortir du Salon bleu.
«Nous n’avons aucune indication voulant que M. Sabia ait avantagé Hydro-Québec», a déclaré par écrit le porte-parole de François Legault, Ewan Sauves
«D’ailleurs, la mesure comprise au dernier budget fédéral s’adresse à l’ensemble des producteurs d’énergie. Tout comme nous, le fédéral soutient la transition énergétique», a-t-il soutenu.
Des milliards en crédits d’impôt
Ottawa avait annoncé plus de 20 milliards $ en crédits d’impôts pour les entreprises - incluant les sociétés publiques comme Hydro-Québec ou Hydro One - afin de stimuler les investissements pour produire de l’électricité «verte».
Les crédits d’impôts avaient été pensés avant toute discussion avec Hydro-Québec ou le gouvernement de François Legault, ont nuancé les sources du «Journal» au fédéral.
«Hydro-Québec a fait du lobbying auprès du ministère des Finances, et tant l'entreprise que l'ancien sous-ministre ont bénéficié des décisions qu'il venait de prendre au sein du gouvernement. Ce sont des actions comme celles-ci qui nuisent à la confiance du public dans les institutions», a poursuivi Michael Barrett, élu de l’Ontario.
Ce dernier critiquait plus largement l’absence d’un commissaire à l’Éthique officiel, après le retrait volontaire de la commissaire par intérim, Martine Richard, qui est la belle-sœur du ministre des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc.
- Avec David Descôteaux et Marc-André Gagnon, Bureau parlementaire