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McGill aurait écarté un enseignant parce qu’il est un homme blanc

Jonathan Dagenais allègue avoir été victime de discrimination à l'embauche car sa candidature n'est pas issue de la diversité.

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

Jonathan Dagenais allègue avoir été victime de discrimination à l'embauche car sa candidature n'est pas issue de la diversité.

Un chargé de cours de l’Université McGill estime avoir été écarté injustement d’un poste de professeur parce qu’il « ne fait pas partie de la diversité » et poursuit l’université pour 300 000 $.  

Dans une poursuite qui doit être déposée aujourd’hui au palais de justice de Montréal, l’enseignant Jonathan Dagenais se dit victime de « discrimination à l’embauche », essentiellement parce qu’il est un homme blanc.

Le chargé de cours soutient que l’université n’avait « aucune intention » de lui accorder un poste de professeur. Le comité de sélection avait pourtant jugé que sa candidature était la meilleure. M. Dagenais est même soutenu par une trentaine d’étudiants, qui ont demandé à McGill de revenir sur sa décision.

En octobre 2022, l'École de musique Schulich de McGill affiche un poste de professeur adjoint de direction instrumentale, spécialisé en instruments à vent. 

M. Dagenais, qui est chargé de cours à l’École depuis 2021, fait partie des trois finalistes pour le poste. En février dernier, il participe donc à l’audition finale, qui implique notamment une performance comme chef d’orchestre et une démonstration d’enseignement. 

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Quelques semaines plus tard, le comité de sélection, composé de sept professeurs et étudiants, recommande au doyen de choisir M. Dagenais pour occuper ce poste.

Jonathan Dagenais

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

 

Mais le doyen de l’École, Sean Ferguson, décide d’aller à l’encontre de cette recommandation, « doutant de la justesse des conclusions » formulées par le comité de sélection, peut-on lire dans une lettre de McGill obtenue par notre Bureau d’enquête.

Il jette alors son dévolu sur la deuxième candidate en lice, une femme issue d’une nation autochtone, native du Manitoba, qui a passé les dix dernières années à enseigner aux États-Unis. La candidature est ensuite avalisée par le vice-principal exécutif de l’Université.

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Plus qualifiée ?

Pour le doyen Ferguson, cette candidate était « hautement plus qualifiée » que M. Dagenais, écrit McGill dans sa lettre.

« [Elle] rencontrait toutes les qualifications du poste, alors que ce n’était pas le cas pour monsieur Dagenais », a notamment expliqué l’université. 

Un argument que rejette M. Dagenais, qui allègue dans sa poursuite que McGill espérait plutôt toucher des subventions par l’emploi d’une personne issue de la diversité. 

« Comment M. Ferguson peut-il conclure que l’autre candidate était supérieure, alors qu’il n’a pas assisté à ma performance comme chef d’orchestre ni à ma démonstration d’enseignement ? », s’interroge-t-il, en entrevue. 

Jonathan Dagenais

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI

 Les étudiants se mobilisent

Dans la foulée de cette nomination, une trentaine d’élèves de l’École de musique Schulich ont fait parvenir une lettre au doyen Ferguson, lui demandant de revoir sa décision en faveur du chef d’orchestre Jonathan Dagenais.

« Nous apprécions quand les décisions sont prises en se basant sur le mérite, le talent et les qualifications, sans égard à l’origine, le genre, l’orientation sexuelle [et] la classe sociale [...] », ont écrit les cosignataires, qui ont d’ailleurs souligné la sensibilité de M. Dagenais aux enjeux de diversité. 

L’Université McGill a refusé de commenter le cas de M. Dagenais, mais soutient que « toutes les personnes nommées à des postes académiques sont éminemment qualifiées ».  

Extraits de la poursuite: 

«[L’Université] n’avait aucune intention de lui accorder [le poste], le tout en raison de sa seule appartenance à la communauté ethnoculturelle et linguistique majoritaire de la province de Québec.» 

«La décision de la Faculté [...] d’offrir le poste à [une candidate issue de la diversité] ne repose sur rien d’autre que sur des considérations d’ordre économiques, étant entendu que certains pans des subventions fédérales de la Faculté sont tributaires de l’atteinte de ses quotas [en matière de diversité].»

«[...] Il s’agit-là d’une atteinte illicite et intentionnelle au droit fondamental [de M. Dagenais] à ne pas souffrir de discrimination à l’embauche en raison de préférences fondées sur sa race, sa couleur et son origine ethnique ou nationale.» 

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