Un membre affilié aux gangs de rue implore la Cour d’appel de revoir sa peine de prison à vie, plaidant ne pas avoir à servir d’exemple, en réponse à la hausse des crimes par armes à feu à Montréal.
«La juge [n’avait] pas à dissuader quiconque de commettre un crime par arme à feu. Elle doit rendre un jugement juste. Je pense qu’elle va trop loin», a lancé mercredi matin Me Marie-Hélène Giroux, avocate de Hensley Jean, à la Cour d’appel du Québec, à Montréal.
Son client, âgé de 27 ans, est le premier criminel de la province à avoir reçu une sentence de prison à perpétuité, sans possibilité de libération avant 7 ans, pour une seule accusation de tentative de meurtre par arme à feu. Il ne pourra pas faire de demande de libération avant sept ans.
Le 3 juin 2019, le criminel affilié au gang de rue Goon Squad, d’allégeance rouge, a ouvert le feu sur un homme innocent, à Saint-Eustache. Il s’agissait d’une erreur sur la personne.
La victime s’en est tiré, heureusement.
Sur toute la ligne
En décembre 2021, la juge Hélène Di Salvo l’a reconnu coupable sur toute la ligne. Elle l'a ensuite condamné à une peine exemplaire.
La défense reproche à la magistrate de s'être éloignée des peines prévues dans de semblables cas, dans le but de passer un message.
Me Giroux a aussi avancé que le motif du crime demeurant inconnu, il était impossible pour le tribunal de relier celui-ci au fléau de la hausse des crimes par armes à feu qui est survenue entre 2020 et 2022 dans la métropole.
De plus, la défense a allégué que la juge Di Salvo avait fait fausse route en écartant le jeune âge de Jean lors des faits, 23 ans, et le jugeant comme «lourdement criminalisé».
«C’est bien jeune pour évaluer ses chances de réhabilitation "d’absentes"», a-t-elle fait valoir.
Pour sa part, le procureur de la Couronne Me Steve Baribeau a réitéré que la décision du tribunal s’avérait «juste».
«Ce n’est pas parce que la juge a imposé une sentence maximale qu’elle n’a pas tenu compte de l’ensemble de la preuve», a-t-il justifié.
Si ce dossier ne méritait pas une peine à vie, «dans quel cas on va pouvoir le faire?», a aussi questionné Me Baribeau.
Arme enrayée
Par ailleurs, il ne croit pas que l’âge de l’accusé ne devrait changer quoi que ce soit au verdict.
«Malheureusement, la perspective de réhabilitation est inexistante. On a pu constater un crescendo dans [sa] criminalité. De faire de petits larcins, à meurtrier chanceux.»
«Meurtrier chanceux», car la seule raison pour laquelle la victime aurait survécu, c’est parce que l’arme de Jean s’est enrayée alors qu’il tirait.
«Tout est là, sauf la finalité», a martelé le procureur à plusieurs reprises, en référence à un meurtre au premier degré.
– La Cour d’appel a pris la cause en délibéré.