Le décès d’un cycliste happé en traversant un boulevard de Longueuil en 2020 aurait été la conséquence d’un «bête» accident, plaide un homme accusé d’avoir fait un dépassement illégal.
«Un accident bête et malheureux, qui n’est pas criminel pour autant, c’est ce qui s’applique ici», a lancé jeudi l’avocat de Mohammad Ali Mahmoodi, Me Mario Lavigne, au palais de justice de Longueuil.
L’homme de 63 ans fait face à des accusations de conduite dangereuse et de négligence criminelle causant la mort.
Le 23 juillet 2020, l’accusé circulait à bord de sa Mercedes E400 sur le boulevard Jacques-Cartier Ouest, lorsqu’il a happé mortellement un cycliste.

Photo Agence QMI, Erik Peters
René Tremblay, 52 ans, venait de se faire céder le passage par des automobilistes à une traverse-piéton.
Selon la théorie de la défense, Mahmoodi a changé de voie peu avant le passage piétonnier afin de dépasser par la droite deux véhicules immobilisés «pour une raison quelconque» dans la voie de gauche.
«S’il avait regardé devant, il aurait peut-être vu René Tremblay, mais il regardait dans son miroir pour changer de voie. Ainsi, il n’a pas pu voir le cycliste», a expliqué Me Lavigne.
Vitesse
Lorsqu’il a happé le cycliste, l’accusé roulait à une vitesse «raisonnable», soit 35 km/h, plaide également la défense en s’appuyant sur des calculs d’un expert en scène de collision.
«Tous les témoins disent qu’ils n’ont jamais vu la Mercedes avant son accélération [pour effectuer le dépassement]. On peut tenir pour acquis qu’elle roulait comme une personne prudente et diligente. Jamais elle n’a zigzagué d’une personne à l’autre», a soutenu Me Lavigne.
Selon les témoignages d’automobilistes qui se trouvaient sur les lieux lors de l’accident, l’accusé roulait plutôt à environ 70 km/h et avait effectué «un dépassement agressif».
«M. Mahmoodi a délibérément choisi de conduire son véhicule de façon téméraire. S’il n’avait pas choisi de conduire son véhicule de manière hautement répréhensible, M. Tremblay serait encore en vie aujourd’hui», a affirmé la procureure de la Couronne, Me Marie-Soleil Leclerc.

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René Tremblay a été happé mortellement le 23 juillet 2020 à Longueuil.
L’accusé n’a pas témoigné pour sa défense lors du procès.
Drogue dans le sang
L’avocat de la défense a reproché au cycliste le fait qu’il avait des traces de méthamphétamine dans le sang au moment de son décès, ce qui aurait pu altérer ses agissements. Cela en aurait fait «l’artisan de son propre malheur», selon Me Lavigne.
Pour la Couronne, il s’agissait toutefois d’une dose thérapeutique qui n’a eu aucun effet sur sa conduite.
Par ailleurs, alors que le procès tire à sa fin, l’avocat de la défense a tenté de déposer une requête en arrêt des procédures avant le début des plaidoiries.
Le juge Dominique Dudemaine a remis à plus tard ce débat, s’inquiétant du fait qu’il n’aurait actuellement pas juridiction pour traiter de la question.
Il doit prononcer un verdict à une date ultérieure.
– Avec Valérie Gonthier