La décision du gouvernement du Québec d’annuler un événement antiavortement prévu en juin au Centre des congrès de Québec continue de susciter son lot de réactions.
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Près d’une semaine après la controverse, l’organisme chrétien derrière l’activité a fait parvenir une mise en demeure au gouvernement Legault, lui demandant de revenir sur sa décision. Une demande aussitôt rejetée par la ministre de la Condition féminine, Martine Biron.
Québec a-t-il eu raison de s’interposer dans l’annulation de l’événement au centre des congrès? Nos analystes politiques ont apporté leur point de vue lors d’un échange au TVA Nouvelles 17 h.
Notre analyste principale Emmanuelle Latraverse se questionne sur la légitimité du gouvernement à intervenir dans les activités des sociétés d’État.
«Moi j’ai beaucoup, beaucoup de difficulté avec cette décision-là. Premièrement, il y a une ingérence. Est-ce qu’un ministre va se mettre à renverser les décisions des directeurs généraux de tous les organismes indépendants du Québec sous prétexte qu’ils appartiennent au gouvernement?», s’est-elle interrogée.

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«Le niveau d’interventionnisme et de microgestion là-dedans est absolument dangereux et ahurissant. À partir de quand [...] on va faire une liste des organismes qui sont permis, respectés, qui appuient nos valeurs québécoises et qui ont le droit d’aller au centre des congrès et ceux qu’on n’accepte pas», a-t-elle poursuivi, ajoutant que le Québec est farouchement pro-choix.
Si la décision revient à Québec d’annuler des regroupements, le prochain rassemblement de groupes catholiques pourrait-il subir le même sort?
«Alors, on va interdire l’accès et de louer des salles dans tous les organismes publics à tous [comme] la conférence des évêques et à tous les organismes liés de près ou de loin à l’Église catholique», a-t-elle ajouté.

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La liberté d’expression soulevée
L’animateur Mario Dumont croit que la mise en demeure envoyée à Québec pourrait donner raison à l’organisme catholique Harvest Ministries International.
«Là, on parle du prêt d’une salle, on parle de salles de réunion. C’est au-delà de la liberté d’expression [c’est] la liberté d’association, la liberté de réunion. Sincèrement, je vois pas comment le gouvernement peut gagner au nom de la Charte des droits et libertés. C’est des droits fondamentaux», a-t-il insisté, précisant que l’intervention gouvernementale n’avait pas sa place dans le dossier.
«Même si tu fais partie d’un point de vue minoritaire, même si on disait à l’Assemblée nationale [que] les quatre partis [avaient] un consensus. C’est pas la question. Des gens très minoritaires ont le droit de se réunir dans une salle, de la louer légalement», soulève Mario Dumont.
La Charte des droits et libertés prévoit des exceptions à la liberté d’expression, telles que les discours haineux.
Voyez le reportage de Maxime Denis concernant l'événement antiavortement annulé :
Si cette ligne est franchie, M. Dumont ne voit aucun problème à annuler un événement faisant la promotion de propos à connotation haineuse.
«Le seul moment où ils n’ont pu le droit, c’est s’ils tiennent du discours haineux, s’ils fomentent des actes terroristes ou qui préparent des actions terroristes ou des actions qui menacent la sécurité. Là, tu leur enlèves la salle!», a-t-il lancé depuis les studios de QUB radio.
*Voyez l’échange entre Emmanuelle Latraverse et Mario Dumont au TVA Nouvelles 17 h dans la vidéo ci-haut*