À l’approche d’un été chaud sur le plan de la violence armée, la police de Laval intensifie sa stratégie pour talonner les criminels, qui a déjà donné des résultats prometteurs en réduisant de 50% les fusillades sur le territoire l'an dernier.
«On veut dire aux criminels qu’on est sur leurs talons, ils vont nous voir dans leur rétroviseur. On ne les lâchera pas. Tout ça pour redonner aux citoyens le même sentiment de sécurité qu’avant», lance d’emblée Jean-François Rousselle, assistant-directeur aux enquêtes criminelles au Service de police de Laval (SPL).
Face à une montée de la violence par armes à feu en 2021, la police de Laval a pris le taureau par les cornes en créant le projet Paradoxe.
«Le phénomène de fusillades est vraiment venu interpeller nos policiers, qui ont voulu casser cette vague», rapporte M. Rousselle.

MARTIN ALARIE / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Jean-François Rousselle, assistant-directeur aux enquêtes criminelles pour le SPL.
Un noyau dur
Tout l’été à Laval, différentes escouades se feront présentes et mettront une forte pression «sur le noyau dur de criminels reliés de près aux fusillades sur notre territoire».
Entre autres, l’escouade Équinoxe intensifiera ses visites dans les bars, terrasses et restaurants où se réunissent des gens du crime organisé pour recueillir de l’information. Des policiers à vélo seront très visibles dans les parcs et prioriseront des endroits problématiques.
Dans sa stratégie, le corps policier priorise également les dossiers liés à la violence urbaine, parfois même au détriment d’autres enquêtes, et tente constamment de trouver de nouvelles techniques pour enquêter.
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106 coups de feu évités
L’an dernier, la stratégie a donné des résultats encourageants. Le nombre de décharges d’armes à feu a baissé de 50%. Les policiers ont retrouvé 99 douilles en 2022, contrairement à 205 l’année d’avant.

MAXIME DELAND/AGENCE QMI
«Grâce au travail des policiers, c’est 106 coups de feu qui n’ont pas eu lieu en 2022 et qui auraient pu faire des dommages collatéraux comme frapper d’innocents citoyens», souligne Jean-François Rousselle.
Le nombre d’arrestations et de saisies d’arme a également doublé comparativement à la moyenne des trois années précédentes.
La violence urbaine reste un phénomène volatile et imprévisible: «un conflit sur Snapchat ou Instragram peut mettre le feu aux poudres. Parfois des conflits mineurs comme des histoires de cœur dégénèrent en fusillade. Et les alliances entre les gangs changent rapidement. Ça rend complexe de comprendre logiquement ce qui se passe sur le terrain et les policiers doivent constamment se renouveler», explique l’assistant-directeur.
Pour cette raison, des agents communautaires travaillent en prévention auprès des jeunes. Des policiers sont attitrés aux écoles secondaires. Des rencontres ont lieu avec des parents pour identifier des facteurs de risque en délinquance et les orienter vers des ressources d’aide.
En collaboration avec un organisme communautaire, le SPL a également mis sur pied des activités de boxe, qui permettent à des policiers d’échanger avec des jeunes à risque de tomber dans le cercle vicieux de délinquance.
Quelques statistiques
Décharges d’armes à feu:
- 2019 : 18
- 2020 : 40
- 2021 : 43
- 2022 : 24
Nombre d'arrestations en lien avec des événements impliquant des armes à feu:
- 2019 : 26
- 2020 : 34
- 2021 : 38
- 2022 : 46
Armes à feu saisies:
- 2019 : 27
- 2020 : 40
- 2021 : 41
- 2022 : 57