Cible de plusieurs critiques, l’examen obligatoire de français pour les futurs profs sera finalement revu et corrigé. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a mandaté un groupe de travail pour procéder à sa révision, a appris Le Journal de Montréal.
• À lire aussi: Profs non qualifiés: un diplôme d’études secondaires suffit pour enseigner aux élèves, juge le ministère
• À lire aussi: Test de français à l'université: la demande de sursis de Bernard Drainville rejetée pour les futurs profs
• À lire aussi: Des futurs profs ralentis par un test de français
Le «comité de refonte» sera composé d’une dizaine d’experts en linguistique, didactique de l’écriture et docimologie qui auront pour mandat de se pencher sur des modifications à apporter au test de certification en français écrit pour l’enseignement, le TECFÉE, dont la réussite est obligatoire pour obtenir le brevet d’enseignement.
Les membres du comité devront déterminer ce «que doit mesurer un test certificatif reconnu par le ministère» et «quelles sont les modalités administratives à considérer», précise-t-on au cabinet du ministre Drainville.
- Via QUB radio, l'enseignant en français Luc Papineau et Caroline Fournier, étudiante au baccalauréat en enseignement discutent de la refonte du TECFÉE :
Cet examen a été vivement critiqué au cours des derniers mois. Cet automne, un regroupement d’étudiantes en enseignement s’était mobilisé pour réclamer des changements, allant même jusqu’à lancer un appel à une grève de suppléance.
Leur position a été appuyée par l’Association québécoise des professeurs de français (AQPF), qui souhaite aussi que le TECFÉE soit modifié afin de mieux refléter le contexte d’enseignement.
La section portant sur le code linguistique, qui donne le plus de fil à retordre aux futurs profs, devrait être notamment revue selon l’AQPF. Cette partie comprend une soixantaine de questions à choix multiples portant notamment sur des règles de grammaire et des définitions de mots de vocabulaire ou d’expressions.
Pas de nivellement par le bas
L’exercice de révision du TECFÉE qui se met en branle ne vise surtout pas à diminuer les exigences, précise-t-on au cabinet du ministre Drainville.
«Il n'est absolument pas question de niveler vers le bas. Une excellente maîtrise du français est nécessaire et demeura toujours nécessaire», indique son attachée de presse, Florence Plourde.
Luc Papineau, un enseignant de français au secondaire reconnu pour ses prises de position rigoureuses concernant la maîtrise de la langue, croit aussi que des modifications sont nécessaires.
La section portant sur le code linguistique n’est qu’un «test de mémorisation», affirme celui qui a encadré une étudiante ayant dû repasser le TECFÉE après y avoir échoué.
Elle avait pourtant réussi haut la main la première partie du test, qui consiste à rédiger un texte de 350 mots.
«Un étudiant qui écrit un texte sans faute devrait pouvoir réussir le test», affirme M. Papineau, qui remet en question la pertinence de la deuxième section de l’examen portant sur le code linguistique.
«Il ne s’agit pas de diminuer les exigences, mais d’avoir un examen adéquat pour déterminer les individus qui vont enseigner», ajoute-t-il.
Selon des données provenant du milieu universitaire, plus du quart des futurs profs ont dû prolonger leur formation universitaire parce qu’ils n’avaient pas réussi le TECFÉE.
Les règles ont toutefois été récemment assouplies: ceux qui n’auront pas réussi l’examen avant leur troisième stage pourront tout de même poursuivre leur formation.
La réussite de l’examen demeurera toutefois obligatoire pour obtenir le brevet d’enseignement.
L’ABC du TECFÉE
Le test de certification en français écrit pour l’enseignement:
- Sa réussite est obligatoire pour l’obtention du brevet d’enseignement
- Le seuil de réussite est de 70%
Le test comprend deux parties:
- La rédaction d’un texte de 350 mots
- Un questionnaire sur le code linguistique, qui comprend 60 questions à choix multiples
- En cas d’échec, on ne doit reprendre que la partie du test qui n’a pas été réussie.