Souvent décriés, les réseaux sociaux peuvent parfois servir de véhicule positif dans les cas de santé mentale.
Après avoir reçu des diagnostics pour cinq problèmes de santé mentale, dont des troubles alimentaires, Anna-Maude, 22 ans, a décidé de s’afficher ouvertement sur ses plateformes, ainsi qu’à la télévision, puisqu’elle a récemment participé à un épisode de l’émission «On est rendu-là», diffusée sur UnisTV.
«Je pense que ça m’a aidé dans le sens où ça m’a permis de rendre positif quelque chose qui ne l’est pas nécessairement. Évidemment, ça ne change pas la nature négative des troubles alimentaires, par exemple, mais si je peux au moins faire de la sensibilisation sur ces sujets, ce serait déjà ça.»
Pour elle, parler ouvertement de ses défis était aussi une manière de les comprendre et de s’accepter. «Ça m’a par exemple pris du temps avant de perdre du poids de façon significative. Au départ, je pensais qu’une fille anorexique était forcément très maigre, ce qui n’est pas du tout le cas. J’avais besoin de me sentir valide dans ce que je vivais et je voulais aussi éduquer le monde, car je subissais ces préjugés.
Certains doutaient que j’avais réellement un trouble alimentaire parce que ça ne paraissait pas. Plus tard, j’ai aussi eu envie d’avoir une prise de parole en dehors de mes diagnostics, je ne me définis pas que par ça. J’ai choisi de prendre la parole, mais je ne la subis pas, c’est moi qui contrôle.»
Concernant l’impact de cette mise en avant sur ses troubles alimentaires, elle est plus partagée. «Il y a des moments où ça m’a aidé et pas du tout à d’autres périodes. Avec les réseaux sociaux, il y a aussi l’image qu’on projette. Ç’a pu être confrontant à certains moments, mais de façon générale, cette démarche a été assez positive.»
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle n’a pas été impactée par sa transparence. «Je n’ai pas non plus 20 000 abonnés sur mes réseaux sociaux. Ce sont principalement des proches, d’anciens camarades du secondaire, des connaissances, et des connaissances de connaissances qui me suivent. Le fait que j’en parle ouvertement a été plutôt bien accueilli. La personne la plus dure envers moi reste toujours moi-même. J’ai même reçu des témoignages et des bribes d’histoires, parce qu’ils me faisaient confiance. Ça m’a même valorisée, parce que j’ai compris que je faisais une différence pour les autres.»
Elle a même récemment accepté de se confier dans l’émission «On est rendu-là», diffusée sur UnisTV, sur le thème de la santé mentale.
Depuis qu’elle a commencé à être ouverte sur ses réseaux sociaux, Anna-Maude a pris de la maturité et elle a compris maintenant que, lorsque sa situation personnelle va moins bien, elle prend un peu ses distances.
«Je vais prendre du temps pour moi. Je n’ai pas de difficulté à me mettre des limites de ce côté-là. Si c’est trop pour moi, je le sens et je sais que je ne vais pas avoir assez d’énergie ou de temps à mettre là-dedans. Je vais juste me retirer non officiellement le temps d’aller mieux.»
Aujourd’hui, Anna-Maude est dans une phase de stabilisation. «C’est encore un enjeu. Ça fait environ un an que je maintiens un poids santé, ce qui est une victoire pour moi. Mais c’est très difficile psychologiquement en termes d’obsession et de comportement à certains moments. Mais, de façon générale, ça va plutôt bien.»
Une ouverture à suivre
Si Anna-Maude a trouvé un aspect positif en s’exprimant ouvertement sur ses réseaux sociaux, ce n’est pas forcément un exemple qui va pouvoir être imité par tout le monde.
«C’est un terrain glissant, surtout dans les cas de troubles alimentaires restrictifs, explique la jeune femme. Il y a un aspect maladif de fierté qui peut être très négatif. On faire des publications pour se valoriser d’avoir perdu du poids ou ne pas avoir manger de la journée, par exemple. C’est une démarche qui peut être positive, mais à l’inverse il ne faut pas que le trouble alimentaire, par exemple, profite de cette visibilité.»
Si on en parle, il faut davantage que ce soit dans le but de soi, de ses sentiments et de son ressenti, de son rétablissement et de son vécu.