Lysanne Richard est habituée aux exploits, mais elle va aller encore plus loin en sautant d’un hélicoptère vendredi soir, une idée un peu folle.
«Il y a du génie dans la folie», lance-t-elle en riant quand on lui parle jeudi alors qu’elle est en route vers Magog où elle réalisera son exploit.
La plongeuse de haut vol a déjà épaté en sautant d’une falaise dans le fjord du Saguenay, dans un lac gelé et même d’une montgolfière, mais elle va s’attaquer à son plus gros défi en s’élançant d’un hélicoptère au-dessus du lac Memphrémagog.
- Écoutez son entrevue au micro de Jean-François Baril via QUB radio :
«Ça fait vraiment hyper longtemps que j’y pense. Depuis que je fais du haut vol, je cherchais une façon de pousser la note», confie-t-elle.
«Pendant mes années de compétitions, c’est quelque chose que je voulais accomplir. J’avais signé un contrat pour le faire en 2017 en Autriche, mais je me suis blessée.»

Le Journal de Québec
La plongeuse a déjà sauté dans un lac glacé.
Record
Parce que la plongeuse aime les défis, elle entend pulvériser le record du monde féminin pour ce type de saut.
«On vise le record féminin qui est à 14 mètres, c’est certain qu’on va le battre. On veut aller entre 20 et 25 mètres.»
Le record masculin, qui est de 40 mètres, a été réalisé par l’Anglais John Bream, en 2020.
Quand elle s’élancera, vendredi soir, c’est la première fois qu’elle le fera d’aussi haut, mais pas la première fois qu’elle tentera le saut. Son équipe et elle ont fait des tests pour s’assurer de la faisabilité de l’exploit.
«On a fait des tests jusqu’à une quinzaine de mètres», précise-t-elle.

Courtoisie FBLphotographe
Vol de reconnaissance lors des tests.
Chorégraphie
Les tests visaient aussi à s’assurer qu’elle pouvait tenter son exploit en toute sécurité parce qu’un saut aussi audacieux comporte une certaine part de risque.
«Je l’ai déjà essayé parce qu’on voulait vérifier que c’était possible de sauter d’un petit hélicoptère comme celui-là», explique-t-elle en ajoutant qu’elle doit modifier sa façon de plonger en raison du modèle d’hélicoptère utilisé.
«Je dois plonger en tombant plutôt qu’avec une impulsion parce que ça aurait trop brassé l’hélico. C’est une chorégraphie pour me rendre sur le patin. On a dû enlever les portes de l’hélico, je dois enlever mes écouteurs et par la suite, je ne peux plus communiquer avec le pilote.»
Disons que son saut de 25 mètres à partir d’une montgolfière et dans le Richelieu, en 2021, l’a bien aidée.
«Il y a plusieurs points similaires avec la montgolfière parce que c’est une surface de départ instable. Je pars de quelque chose et je saute dans le vide, ça change des plateformes. Visuellement, ma seule référence devient l’eau.»

AFP
Lysanne Richard a déjà plongé d'un pont quand elle faisait de la compétition.
Précision
Pas besoin de dire qu’il s’agit d’une cascade qui exige une grande précision de la part de toutes les personnes impliquées.
«Ce qui est compliqué, c’est maintenir une hauteur exacte, précise Lysanne Richard. Dans l’hélico, la hauteur est calculée en pieds par rapport au niveau de la mer, moi je fonctionne en mètres et je veux la hauteur par rapport au lac.»
Elle doit aussi revoir un peu sa façon de travailler et limiter ses ardeurs artistiques.
«Le type de manœuvre que je peux faire est limité en raison de la petitesse du patin de l’hélicoptère, je m’en suis imposé une, je dois faire un plongeon différent.»
Logistique
On ne fait pas une très grande révélation en mentionnant qu’il y a une importante logistique derrière un tel exploit.
«Ça prend une zone d’arrivée sécuritaire, explique la plongeuse. Il y a eu plusieurs étapes pour l’établir. Il va y avoir du travail le jour même avec l’installation de bouées.»
François Leduc, qui est le responsable de la sécurité, sera aussi fort occupé en raison de la nature du plan d’eau choisi.
«C’est un lac navigable et on veut des bateaux, mais il faut assurer ma sécurité», résume Richard.
Le seul élément qui pourrait lui jouer un tour, c’est la météo. Elle soutient qu’elle peut sauter avec un peu de vent ou de la pluie, mais que des éclairs pourraient faire dérailler le projet. Et on annonce un orage demain soir à Magog...

AFP
Lysanne Richard a déjà plongé d'un édifice dans la marina de Dubai.
Excitant
Lysanne Richard semblait sereine à un peu plus de 24 heures de son saut.
«Je me sens super bien. C’est capoté parce qu’il y a beaucoup de gens qui embarquent et il y a de l’intérêt médiatique, c’est une belle façon de faire rayonner mon sport.
«C’est vraiment excitant, mais on se sent prêts. J’ai des papillons et j’ai peur, mais la peur est importante, ça fait que je suis vigilante et ça aiguise mes sens.»
Si Lysanne Richard est fébrile, c’est surtout parce qu’elle pourra faire son saut devant un large public qui sera là pour assister à un spectacle de feux d’artifice par la suite. Elle a connu le public quand elle faisait de la compétition, mais ses exploits ont surtout été réalisés loin de la foule.
«Ce qui me plait, c’est la proximité avec le public, que je n’ai jamais eue dans un projet d’une aussi grande envergure. Toutes les personnes impliquées vont vivre une histoire différente et ça va faire une belle grande histoire.»