Des chasseurs sont dévastés d’avoir perdu leurs camps de chasse qui ont été ravagés par les flammes lors des terribles incendies qu’a connus la province en juin et se questionnent sur le futur de leur sport.
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«Quand on a enfin pu aller sur place, ce n’était pas facile... On a vu tout notre coin, toute notre région dévastée. Les arbres brûlés, les animaux qui ont déserté. C’est impossible à décrire, c’était un autre monde», laisse tomber avec émotion Jeanne Neveu-Delage, dont les deux camps de chasse ont brûlé au nord de Normétal, en Abitibi-Témiscamingue.

Photo fournie par Jeanne Neveu-Delage
Avec son conjoint, Mme Neveu-Delage suivait depuis le début des incendies l’avancée des flammes sur le territoire du lac Bill. L’attente pour connaître l’ampleur des dommages sur leurs propriétés qu’ils ont depuis 10 ans était interminable, ajoute-t-elle.
«On s’informait tous les jours, on voyait les flammes prendre de plus en plus d’expansion, on espérait de ne pas y passer. Mais le jour où on a su que nos camps brûlaient, ça a été un choc», raconte-t-elle.

Photo fournie par Jeanne Neveu-Delage
Jeanne Neveu-Delage avait ce camp de chasse, situé près du lac Bill, au nord de Normétal, en Abitibi-Témiscamingue, depuis 10 ans.
Le son de cloche est le même pour Michel Asselin, qui a perdu son camp ainsi que deux tours dans le brasier qui touchait le même secteur.
«Quand j’ai pu aller voir le camp, sur la route, tout était vert, alors j’avais espoir que mon camp soit sauf. Mais en arrivant, il ne restait plus rien», soupire celui qui en était propriétaire depuis 23 ans.
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Plus qu’une cabane
Leurs camps étaient pour eux bien plus qu’un endroit où ils partaient chasser, ils y allaient tout au long de l’année.
«Ce sont nos deuxièmes maisons. Nous, on ne sort pas de notre région. C’est grâce à ces endroits qu’on remplit nos congélateurs, qu’on a de la viande tout l’hiver», explique Mme Neveu-Delage.
Même chose pour M. Asselin, qui passait tout son temps libre là-bas, mais aussi ses Noëls en famille et ses vacances.

Photo fournie par Michel Asselin
Michel Asselin passait tout son temps libre dans son camp de chasse avec ses proches.
«J’avais beaucoup de souvenirs. J’avais un journal que je tenais depuis 1998 où je racontais chacune de mes journées de chasse, tout ce qui s’y passait. Mes enfants appelaient ça ma “bible”. C’est une perte inestimable», lâche-t-il.

Photo fournie par Michel Asselin
Michel Asselin, 53 ans, avait son camp de chasse, situé près du lac Bill, au nord de Normétal, en Abitibi-Témiscamingue, depuis 23 ans.
Outre les précieux souvenirs, ce sont plusieurs dizaines de milliers de dollars de pertes matérielles que les chasseurs enregistrent.
«Je pense que c’est entre 40 000$ et 50 000$», affirme M. Asselin, qui pense déjà à reconstruire.

Photo fournie par Michel Asselin
Le camp de chasse de Michel Asselin a été presque entièrement réduit en cendre après les violents incendies qui ont ravagé la forêt.
Autour du lac Bill, plusieurs chasseurs ont lancé une pétition pour demander de l’aide à Québec, soutient Mme Neveu-Delage, qui représente le groupe.
«C’est vraiment quelque chose qui fait partie de nous, de notre culture aussi, alors on a vraiment besoin d’un soutien financier et on va faire tout ce qu’on peut pour l’avoir et se reconstruire», soutient-elle.
Renaissance
En attendant, la nature, elle, a déjà commencé à renaître de ses cendres, a déjà pu constater M. Asselin.
«Ça va prendre une couple d’années avant que la nature redevienne ce qu’elle était, c’est sûr, mais j’ai déjà observé des traces d’orignaux», explique-t-il.
Pour le biologiste Michel Baril, de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, il est encore très difficile de savoir quels impacts ces incendies vont avoir sur la faune.

Photo fournie par Michel Baril
Michel Baril, biologiste à la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs.
«Il y a encore beaucoup de zones grises, parce que des feux de cette ampleur, c’est inédit. On n’a pas encore les connaissances sur la dispersion ou la dynamique des gibiers lors de ces évènements», dit-il.
Quoiqu’il en soit, pour Michel Asselin, il est clair qu’à l’automne, il retournera au lac Bill pour la saison de la chasse, même s’il ne voit pas d’orignal.
«Peu importe le résultat, je vais quand même y aller», indique-t-il.