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Faillite du constructeur: une famille avec dix enfants aux besoins particuliers vit un cauchemar

Ils font partie d'une longue liste de 131 créanciers

Jacques Terrien et Nathalie Hamel

Photo Clara Loiseau

Un couple qui rêvait d’agrandir sa maison pour les dix enfants aux besoins spéciaux qu’ils ont adoptés a vu son projet virer au cauchemar lorsque le constructeur a fait faillite après avoir reçu leur dépôt de 190 000$.

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«C’est vraiment un rêve qui tourne au cauchemar. Ce qui est le plus fâchant, c’est qu’il [le constructeur] sait très bien qu’on fait tout ça pour nos enfants, qu’on a des besoins», laisse tomber avec colère Nathalie Hamel, 54 ans.

Avec dix enfants de 8 ans à 18 ans avec besoins particuliers, difficile de rester dans la maison qu’elle et son mari, Jacques Therrien, habitent depuis 20 ans. 

«Un de nos fils de 13 ans, qui a la trisomie 21, a aussi le syndrome des jambes sans repos, qui l’empêche de marcher et de monter à la salle de bain. On ne peut plus le porter parce qu’il est trop grand alors on voulait lui construire une chambre et une salle de bain au rez-de-chaussée», relate Mme Hamel.

Jacques Terrien et Nathalie Hamel

Photo Clara Loiseau

En janvier, le couple signe avec le constructeur Pavcan Construction inc., qui leur promet que les travaux seront finis à la mi-août. 

Protection de la faillite

Mais depuis le 20 août, Mme Hamel et M. Therrien courent après l’entrepreneur qui ne leur répond plus au téléphone, alors que les travaux sont sur arrêt depuis le 10 juillet.

«Finalement, on a appris qu’il avait fait faillite quand un de ses créanciers est venu frapper à notre porte pour nous prévenir», explique Mme Hamel.

Cela faisait déjà plusieurs mois que les deux résidents de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot avaient perdu confiance en Marc-Antoine Messier, propriétaire actuel de l’entreprise.

Facebook

Photo tirée du Facebook de Marc-Antoine Messier

Ce dernier, âgé de 21 ans, avait demandé au couple de verser 150 000$ en plus de l’acompte pour qu’il puisse «accélérer» les travaux.

Jacques Terrien et Nathalie Hamel

Photo Clara Loiseau

«On se retrouve avec une fondation pas finie dans la cour, toutes nos affaires dans un conteneur et 190 000$ en moins», se désole Mme Hamel.

Coincée

Et la famille Hamel-Therrien est loin d’être la seule a avoir été flouée par l’entreprise Pavcan Construction inc. et Marc-Antoine Messier, selon Mathieu Roy, de M. Roy & associés, qui s’occupe de la faillite de l’entrepreneur.

Le jeune entrepreneur, qui fait faillite avec deux compagnies, accumule au moins 131 créanciers selon les documents consultés par Le Journal.

Quoi qu’il en soit, la famille Hamel-Therrien craint pour sa part ne pas pouvoir avoir des travaux finis avant l’hiver.

Jacques Terrien et Nathalie Hamel

Photo Clara Loiseau

«On a essayé par tous les moyens de trouver un nouvel entrepreneur, mais les agendas sont pleins! On va sûrement devoir passer l’hiver à porter notre fils pour le monter d’un étage tous les jours», déclare Mme Hamel, qui espère encore avec son mari trouver quelqu’un pour finir ses travaux.

Pas assez de protection pour les clients

Des clients qui ont vu leurs travaux mis à l’arrêt après que le constructeur s'est placé sous la protection de la faillite déplorent le manque de protection des consommateurs.

«On est abandonnés, livrés à nous autres. Je ne comprends pas comment un entrepreneur peut s’en tirer comme ça et que nous, nous ne soyons pas protégés», déplore Nathalie Hamel, dont l’entrepreneur avec qui elle faisait affaire pour l’agrandissement s’est placé sous la protection de la faillite (voir autre texte).

Pour cette dernière, il est difficile de croire que la province ne protège pas mieux les consommateurs qui se font flouer. C’est que Mme Hamel et son mari, Jacques Therrien, avaient versé 190 000$ à l’entrepreneur qui s’est finalement placé sous la protection de la faillite avant d’avoir fini les travaux.

Nathalie Hamel et Jacques Terrien

Photo Clara Loiseau

Une fois ce processus enclenché, cela veut dire que tous les recours potentiels sont suspendus, explique Mathieu Roy, de M. Roy & associés, qui s’occupe de la faillite de l’entrepreneur.

«Essentiellement, ce qu’on vient dire aux créanciers, c’est que toutes les dettes qui sont nées avant la mise sous protection, on va leur revenir avec une proposition pour régler ces dettes »

Pour la famille Hamel-Therrien, l’espoir de revoir la couleur de leur argent est mince.

«Et puis ça va prendre combien de temps? Des années?», se questionne Mme Hamel.

Recommandation

Avant de signer un contrat avec l’entreprise Pavcan Construction inc., le couple affirme avoir pourtant bien fait ses devoirs.

«Je ne sais pas ce qu’on aurait pu faire de plus pour vérifier! Il avait sa licence à la Régie du bâtiment du Québec, il avait de bonnes recommandations de voisins et sur internet», affirme Jacques Therrien, le mari de Mme Hamel.

Jacques Terrien et Nathalie Hamel

Photo Clara Loiseau

C’est surtout le fait d’avoir été recommandé par le site Soumission Rénovation qui a mis le couple en confiance, explique Mme Hamel.

Selon Soumission Rénovation, l’entrepreneur Pavcan s’est inscrit en novembre 2022 sur son site de recommandation. 

«À ce moment, nous avons vérifié s’il avait des jugements contre lui, l’existence légale de l’entreprise, la validité de sa licence RBQ ainsi que sa réputation générale», confirme Michel Jodoin, fondateur de Soumission Rénovation.

Finalement, après avoir reçu deux plaintes, Pavcan Construction inc. n’a plus été référée, affirme M. Jodoin.

Licence

Pour le moment, Pavcan Construction inc. a toujours une licence valide, a confirmé la RBQ. Toutefois, elle devrait être annulée, l’entreprise ayant fait faillite.

«Il est important de formuler une plainte auprès de la RBQ et de dénoncer l’entrepreneur problématique. Cette démarche permet de documenter les faits et de les consigner dans son dossier» rappelle Sylvain Lamothe, porte-parole de la RBQ.

Avant de faire affaire avec un entrepreneur, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) recommande de:

1. Valider la licence d’entrepreneur RBQ dans le Registre des détenteurs de licences RBQ.

2. Vérifier son dossier d’entreprise sur le registre des entreprises du Québec, notamment

3. Avoir de bonnes références

4. Comparer les soumissions d’au moins trois entrepreneurs

5. Exiger un contrat écrit détaillé et un échéancier, verser le plus petit acompte possible

6. Prendre le temps avant d’accepter un contrat

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