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Vivre et laisser vivre: réflexions du Parti Québécois sur l’identité de genre et la diversité sexuelle

Paul St-Pierre Plamondon

Photo d’archives

Interpellé en point de presse par un journaliste sur les toilettes mixtes et sur le dossier Mix Martine, j’ai fait la déclaration suivante en point de presse mardi dernier : « Pour nos écoles, parce que les parents envoient leurs enfants dans le système scolaire, avant de faire des changements importants dans le corpus et dans ce qui est enseigné à nos enfants, est-ce qu’on peut en débattre démocratiquement ? Souvenez-vous du racisme systémique. Tout d’un coup, c’est enseigné dans les cégeps, Télé-Québec l’enseignait comme de la science sans aucun débat préalable. Et moi, je vois beaucoup d’idéologies en provenance de la gauche radicale qui sont imposées. Puis ça devient un enjeu, lorsqu’on impose des concepts, des manières de faire, des nouveaux programmes dans le système d’éducation sans aucun débat démocratique préalable. Pour moi, ce genre de questions là, les toilettes, les pronoms, les nouvelles théories d’écriture inclusive, doivent être débattues ici, à l’Assemblée nationale. »  

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De manière spontanée, j’ai donc proposé une commission parlementaire en ce qui a trait à ces questions, en la limitant spécifiquement aux aspects du système d’éducation et des mineurs. Depuis, Québec solidaire s’est dit ouvert à cette proposition et la CAQ a décidé de préconiser un comité de sages. Au-delà de la méthode qui sera retenue, l’idée de faire un débat collectif et ouvert sur ces questions semble être largement acceptée. 

Le Parti Québécois a toujours eu la même position en matière de diversité sexuelle et d’identité de genre tout au long de son histoire : elle peut se résumer à « vivre et laisser vivre ». Nous avons toujours défendu, et continuons de défendre, le droit de toute personne de faire ses propres choix, d’avoir l’orientation sexuelle et l’identité de genre qui est la sienne, en toute liberté, quiétude et sécurité. C’est d’ailleurs dans cette logique que le PQ a instauré le mariage gai. Cette liberté de vivre sa vie et sa différence en paix et harmonie avec les autres continue de nous animer et ne peut être tenue pour acquise en 2023, dans le contexte de la polarisation du débat public. Le Parti Québécois continuera à défendre la communauté LGBTQ+ en matière de sécurité et de respect de la différence, c’est l’une de vos valeurs fondamentales. La dysphorie de genre est une réalité pour certains de nos citoyens qui commande de la bienveillance et de la collaboration par la collectivité. J’ai l’intime conviction que c’est aussi l’opinion de la quasi-totalité des Québécois, qui forme l’un des peuples les plus ouverts et tolérants sur la planète en ces matières.  

Dans les dernières années, de nouvelles questions ont émergé entourant ces questions. Par exemple, que devrions-nous faire avec la question de l’imposition de nouveaux pronoms ? De l’enseignement de la théorie du genre à l’école ? De l’écriture inclusive ? Plus largement, d’un tout nouveau vocabulaire auprès des enfants du primaire, encore inexistant il y a à peine quelques années ? Toutes ces questions génèrent des désaccords chez certains parents qui confient leur enfant à l’État québécois pour leur éducation. Il en va de même de la manière d’aborder auprès des enfants les questions de changement de sexe et de thérapies hormonales.  

En démocratie, on gagne à avoir un débat ouvert et posé sur les questions sensibles, ce qui vaut mieux que de laisser ces questions à l’arbitraire de chaque école ou de chaque enseignant ou pire, aux débats qui ont cours sur les médias sociaux avec toutes les conséquences que nous connaissons.  

De mon point de vue, il devient difficile d’ignorer l’existence de certaines dérives idéologiques qui cherchent à s’imposer dans notre système d’éducation. Pas plus tard que cette semaine, une école de Mississauga en Ontario a retiré la totalité des livres publiés avant 2008 des étages de sa bibliothèque, au nom de leur nouvelle politique en matière d’EDI (Equity, diversity and inclusion). Cet exemple s’ajoute à bien d’autres cas documentés où l’idéologie tente de s’imposer comme la norme dans les écoles, faute de règles claires en vigueur. L’apparition de la question de la théorie du genre ne peut être dissociée de l’explosion de nouvelles théories et phénomènes qui ont vu le jour au cours des dernières années et de la novlangue qui l’accompagne : racisme systémique, annulation d’œuvres et de personnes, endroits réservés exclusivement aux membres d’une communauté, microagressions, abolition effective des frontières, définancement de la police, privilège blanc, appropriation culturelle, etc. 

Ce sont autant de concepts qui se sont imposés dans plusieurs facultés de sciences sociales et médias, parfois par l’entreprise d’une intimidation de ceux qui oseraient les remettre en question, entreprise qui consiste à apposer des étiquettes en « phobes », « racisme » ou « extrême-droite » et autres campagnes de diffamation. Cette manière de procéder est antidémocratique et ne donne aucun espace de réflexion serein. Ces concepts ne sauraient s’imposer à nos enfants sans qu’il y ait de débat démocratique au préalable sur la pertinence de les aborder d’abord, et ensuite, sur la manière de le faire.  

Ainsi, pour résumer, deux questions doivent minimalement se poser : 1) ces théories et concepts doivent-ils être enseignés à des enfants du primaire ou du secondaire ? 2) Dans l’affirmative, à partir de quel âge de tels sujets sont-ils appropriés pour un enfant ? À mes yeux, c’est l’intérêt de l’enfant qui doit primer dans cette réflexion.  

Contrairement à ce que prétendent certains « experts », le rôle des élus n’est pas de garder le silence, de s’abstenir de réfléchir et de se contenter de rééduquer la population. Un élu sert à élaborer des politiques publiques et à s’assurer d’entendre tous les points de vue avant de déterminer ces politiques. Je suis conscient que de tels débats peuvent susciter des passions et alimenter la polarisation ici et ailleurs dans le monde. Raison de plus pour le faire intelligemment, sans pour autant discréditer une volonté légitime dans la population d’y réfléchir et d’en débattre. À nous de nous distinguer en élevant le débat. C’est pour cette raison que j’ai invité les autres partis politiques à soutenir notre proposition de faire une commission parlementaire sur ces questions, durant laquelle élus, experts et citoyens pourront réfléchir et éclairer les politiques publiques de l’Assemblée nationale. Je réitère cette demande, même après l’avoir fait spontanément, puisque malgré mes profonds désaccords avec mes collègues, j’ai confiance aux élus du peuple québécois. Les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale n’ont aucun intérêt ni aucun désir de faire de la partisanerie avec cet enjeu. Nous avons prouvé notre capacité à travailler ensemble par le passé dans bon nombre de dossiers sensibles, à nous de bien mener cette réflexion dans la collaboration et le respect. 

  • Écoutez l'entrevue avec Phoeby Laplante, ex candidate pour le Parti Québécois dans Sainte-Marie-Saint-Jacques sur QUB radio :  

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