À la clôture d’un sommet municipal sur l’itinérance qui a semblé laisser les maires sur leur faim, Bruno Marchand a appelé vendredi les ministres du gouvernement du Québec, incluant le premier ministre Legault, à s’indigner et à être « en colère » pour en arriver ultimement à « un Québec sans itinérance ».
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« Soyez notre colère. Soyez ambitieux. Montrez-nous la voie [...] Le Québec dont on rêve, c’est un Québec qui refuse d’abdiquer et qui en fait [de l’itinérance] un enjeu national », a lancé le maire de Québec devant ses homologues de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et deux ministres provinciaux.
Faisant front commun, les maires des principales villes étaient mi-figue mi-raisin à l’issue du sommet et des annonces du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant.
Ce dernier a promis qu’un nouveau recensement du nombre d’itinérants aurait lieu en 2024 et il a confirmé l’attribution d’une aide d’urgence de 15,5 millions de dollars aux refuges à l’approche de l’hiver.
Comité ministériel demandé
Tout en saluant ce « pas dans la bonne direction », les édiles municipaux ont surtout appelé à la constitution rapide d’un « comité ministériel » auquel siégerait prioritairement le ministre des Finances, Eric Girard. L’idée est d’obtenir les sommes dont les villes ont besoin lors de la mise à jour budgétaire de l’automne, ont-ils fait valoir.
- Écoutez l’entrevue avec Bruno Marchand, maire de Québec, via QUB radio :
« Pour l’itinérance, la solution ne viendra pas d’un seul homme, d’un ministre [...] Il faut envoyer un réel message à tous les Québécois, qui sont extrêmement préoccupés par la crise de l’itinérance et la crise du logement », a affirmé la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Appelé à réagir, le ministre Carmant a soutenu que ce comité ministériel « existe déjà », mais qu’il intensifiera ses échanges.
Une absence ministérielle critiquée
L’absence au sommet de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a été remarquée et critiquée par des députés du Parti libéral et de Québec solidaire.
Interrogé là-dessus, le maire Marchand a glissé ceci : « Je ne peux pas vous dire si elle a été invitée ou pas. Tous les ministres étaient bienvenus. Ça fait six mois que ça s’organise. Les gens sont au courant. Si elle avait voulu être là, elle aurait pu être là. On lui aurait déroulé le tapis rouge ».
De son côté, M. Carmant a soutenu que c’est lui qui représentait le gouvernement du Québec à cet événement auquel a également assisté son homologue, responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien.
Une pique à Trudeau
Dès l’ouverture du sommet, le président de l’UMQ, Martin Damphousse, a envoyé une pique au premier ministre Justin Trudeau. Ce dernier a récemment jeté la pierre aux municipalités en déplorant leur lenteur dans la mise en place de son plan pour le logement.
- Écoutez la rencontre politique avec Yasmine Abdelfadel et Marc-André Leclerc via QUB radio :
« Au Québec, nous avons 900 millions de dollars réservés pour nous [dans le cadre du Fonds fédéral pour accélérer la construction de logements]. Aujourd’hui, le milieu municipal est en attente. On ne peut rien faire. Pourquoi ? Parce que nous dépendons d’une entente entre Québec et le fédéral. Sans cette entente, on ne peut rien faire. L’argent reste gelé », déplore M. Damphousse.
Ce qu’ils ont dit
« Quelqu’un me disait “est-ce que vous acceptez la main tendue de M. Carmant ?” Bien sûr. Et je prendrais son bras aussi », France Bélisle, mairesse de Gatineau.
« La première décision que j’ai eu à prendre comme mairesse, après mon élection, c’est celle du démantèlement d’un campement à Sherbrooke sous un pont. C’est un enjeu avec lequel on doit composer », Évelyne Beaudin, de Sherbrooke.
« C’est rassurant d’entendre le ministre Carmant et la ministre Duranceau dire que “oui, il y a une crise de l’itinérance, une crise du logement”. Le constat est fait. C’est quelque chose qu’on disait depuis longtemps. Maintenant, comment on va plus loin ? », Valérie Plante, mairesse de Montréal.
« Ne pas voir le premier ministre ni la ministre de l’Habitation ici [au sommet sur l’itinérance], on trouve ça très inquiétant », Étienne Grandmont, député de Québec solidaire.
« Moi, je suis présente. Je suis porte-parole en matière d’Habitation. Je crois qu’elle [France-Élaine Duranceau] aurait dû être présente », Virginie Dufour, députée libérale.