À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Ian Cooney a semé dans l’esprit de millions de Québécois des airs publicitaires inoubliables, dont l’obsédante ritournelle de la chaîne Barbie’s Resto Bar Grill qui tourne depuis 2003 et à laquelle plusieurs jeunes humoristes vouent un culte.
J’ai convié le compositeur de quelque 400 pièces publicitaires – dont des dizaines hantent notre imaginaire collectif – dans un Barbie’s Resto Bar Grill.
C’était ma première fois dans une franchise de ce restaurant bien moins fameux que sa propre chanson.
« Moi non plus, je n’avais jamais mis les pieds dans un Barbie’s avant maintenant ! » avoue en riant le musicien de 69 ans.
Qu’a-t-il mangé pendant l’entrevue ?
Une salade grecque, qu’il a reçue en chantant Caaaasa Grecque !, une autre de ses œuvres archiconnues.
« Je m’en souviens... En 2002, je venais de rencontrer le patron de Barbie’s à Brossard et je rentrais à Montréal en auto sur le pont Champlain lorsque l’air de Barbie’s a surgi. Je me suis dit : voilà, c’est ça ! »
« Mon client ne voulait pas que je mette l’accent sur un élément du menu, mais juste que je vante l’ambiance du lieu et que je fasse connaître son nom. »
Inspiré par le groupe Pilot et sa chanson Magic, cet air est typique des pièces Cooney qui transpirent la joie et l’enthousiasme... sauf bien sûr pour les produits relaxants comme Matelas Boooooonheur, un autre de ses jingles, celui-là plus zen.
« Je suis pointilleux. Pour la version française de Barbie’s au studio Harmonie sur de Lorimier, j’ai exigé que mon chanteur, Guillaume Lesperance, chante en souriant. »
Ian Cooney a été très sollicité par les restaurants, notamment Lesters Hot Dogs, Les 3 Amigos, Ben & Florentine, Dagwoods, Double Pizza, Pizza Donini, Restaurants Lafleur, St-Hubert, Wienstein & Gavinos, etc.
Il a aussi composé pour Le Château, Greiche & Scaff, Kojax, La Place Vertu, Multi-Prêts, Wawanesa, etc.
Pour ma part, je me souviens de son air pour Stéréo Plus plus pluuuuus, Stéréo plus!

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI
J'ai bien sûr convié le compositeur de Barbie's Resto Bar Grill dans un Barbie's Resto Bar Grill...
Inconscient de son succès
C’est le directeur du festival de films Fantasia, Marc Lamothe, qui a retrouvé Ian Cooney. L’artiste vit désormais essentiellement en Floride et à New York. Comme le téléphone sonnait de moins en moins, en 2014, il a décidé d’arrêter la production publicitaire.
Aux États-Unis, de nombreux restaurants ou clubs l’embauchent comme chansonnier.
« Je chante le répertoire qu’affectionnent les Boomers et il y a beaucoup de Boomers en Floride. »
Coupé du Québec, l’artiste ignorait le phénomène entourant sa composition la plus connue.
« J’ai invité Cooney à une soirée cabaret à Fantasia et il a entendu 500 personnes entonner ensemble sa chanson du Barbie’s Resto Bar Grill », raconte Marc Lamothe.
« Tout le monde voulait une photo avec lui... Il n’en revenait pas ! »
Cooney a été stupéfait de découvrir que l’humoriste Mathieu Portelance a fait diffuser sa pub en version française sur l’écran géant de Time Square à New York, en juillet dernier.
Il est demeuré bouche bée devant une vidéo YouTube de l’humoriste Arnaud Soly jouant Barbie’s à la flûte à bec dans une narine tandis que, par la magie du montage, le personnage de Matthew McConaughey dans Interstellaire, éclate en sanglots.
« Pourquoi précisément cette chanson-là ? Pourquoi pas une de mes 399 autres ? Je ne sais pas. C’est fou. »
« Je lui ai proposé de relancer CooneyTunes, sa compagnie de production d’indicatifs musicaux, et de devenir son agent, pour qu’il puisse se concentrer sur la musique », dit M. Lamothe.
« C’est le Paul McCartney du jingle ! » s’enthousiasme son nouvel impresario.
Ian Cooney continuera de vivre et de chanter aux États-Unis, mais il se promet de propager de nouveaux vers d’oreilles sur les ondes québécoises. Qui sera son prochain client ? Ma devinette : Ashton, peut-être ?