De petites municipalités du Centre-du-Québec voient le phénomène de l'itinérance prendre aussi de l'ampleur chez elles.
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Le maire de Saint-François-du-Lac, municipalité de 4000 habitants, est bouleversé de voir certains de ses citoyens sans toit. Pascal Théroux témoigne notamment de la situation d'un homme. «Ça fait au moins deux mois qu'il reste dans un genre de conteneur abandonné. C'est ça la réalité. Ce sont tous des gens qu'on connait, des personnes dont on connait leur famille... c'est triste.»
Les campements extérieurs sont de plus en plus présents dans la MRC Nicolet-Yamaska. L'itinérance dans les villages se traduit aussi par des gens qui vivent chez des amis, de maison en maison ou dans des voitures. «Avec le prix des loyers qui bondit, je ne peux pas voir comment ils vont faire pour s'en sortir ces gens-là. Il va falloir les aider», précise Pascal Théroux.
À Nicolet, le centre de jour de Point de rue note un achalandage jamais observé en 30 ans. «C'est minimalement 20 à 25 personnes par jour qui viennent ici», note Pierre-Olivier Gravel, directeur général adjoint, de l'organisme, «alors qu'il y a quelques années on avait peut-être une dizaine de personnes par jour».
La préfète de la MRC Geneviève Dubois constate que les élus doivent en prendre sur leurs épaules «On essaie d'accompagner. On prend des responsabilités, les maires l'ont dit, qui ne sont pas les nôtres. En même temps, c'est notre monde. Puis à l'approche de l'hiver, on ne veut voir personne dans la rue.»
Des miettes
Alors que des millions de dollars sont annoncés par Québec pour l'itinérance, les municipalités de plus petites tailles sont bien conscientes qu'elles risquent d'en avoir que des miettes. «Il n'en restera pas beaucoup pour nous en milieu rural», constate Pascal Théroux. Geneviève Dubois renchérit: «C'est sûr qu'il y a des municipalités que les besoins sont immenses. Les maires et mairesses crient sur la place publique et avec raison. De mon côté, j'ai discuté avec Point de rue pour savoir si on est capable de développer des places d'hébergement ici.»
Mais Pierre-Olivier Gravel tient à rappeler que des logements et de l'argent ne règleraient pas tout. « L'itinérance ce n'est pas un problème de lieu, c'est un problème de liens. Donc, la clé du succès pour nous c'est de créer des liens, des ponts.»
L'avantage des petits milieux est peut-être justement dans cette capacité d'entraide directe et de concertation.