Le suicide d'un adolescent et la réaction de ses parents, «outrés» du traitement de son cas par les autorités, a remis en lumière en France le problème du harcèlement scolaire et les lacunes dans les réponses qui y sont apportées.
Témoignage de l'importance accordée à cette affaire, le ministre français de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a réuni lundi les dirigeants de toutes les régions académiques du pays «pour un audit sur toutes les situations de harcèlement signalées» l'an passé.
Il avait auparavant qualifié de «honte», et la première ministre Elisabeth Borne de «choquante», la réponse qui avait été faite au printemps aux parents de Nicolas, dont des propos avaient été jugés «inacceptables» par l'académie de Versailles (ouest de Paris).

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Le jeune homme de 15 ans s'est suicidé le 5 septembre, au lendemain de sa rentrée scolaire, et alors qu'il avait changé d'établissement.
Un an auparavant, peu après la rentrée 2022, ses parents avaient signalé à l'équipe pédagogique de son lycée professionnel de Poissy (ouest de Paris) qu'il était harcelé.
À la mi-mars 2023, ils avaient appris par son psychologue que leur fils avait fait une tentative de suicide en janvier.
Dans des échanges de courriers, révélés samedi par la chaîne de télévision BFMTV, la direction de l'académie de Versailles jugeait «inacceptables» certains propos des parents qui auraient «remis en cause» l'attitude des personnels du lycée.
Elle leur demandait d'adopter une «attitude constructive et respectueuse», en leur rappelant les risques judiciaires d'une dénonciation calomnieuse.
«Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres», a déclaré la mère du lycéen, Béatrice, dans un échange écrit dimanche avec l'AFP. Et «nous ne savons toujours pas si une sanction même symbolique a été émise à l'encontre des harceleurs».
Les réactions du gouvernement aux lettres montrent que Nicolas est enfin «reconnu dans sa souffrance et son harcèlement», a-t-elle ajouté, disant réfléchir à une action en justice.

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«Avant de prendre cette décision, nous attendons les résultats des enquêtes et les actions qui seront menées par le gouvernement», a-t-elle affirmé.
M. Attal dit attendre «sous quinze jours» les conclusions d'une enquête administrative qu'il a diligentée, et qu'il en tirerait «toutes les conclusions, y compris en matière de sanctions».
Le harcèlement à l'école, qui en France toucherait un élève sur dix, avait été érigé en priorité du gouvernement pour l'année scolaire 2023-2024 après un autre suicide au printemps, celui de Lindsay, 13 ans, dans le nord du pays.