L’état de santé de la femme qui aurait été négligée par son conjoint dans des circonstances horribles était si lamentable qu’elle avait très peu de chance de s’en sortir une fois à l’hôpital, selon une médecin.
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« Jamais on n’est sûr à 100 %, mais c’est difficile de voir comment elle aurait pu réussir à se sortir de ça, malgré les traitements qu’on allait lui donner », a témoigné lundi la Dre Véronic Thibault, précisant que Johanne Bilodeau aurait souffert d’une « infection sévère ».
La Dre Thibault avait examiné cette femme de 58 ans, qui est décédée moins de 24 heures après avoir été transportée en ambulance, en septembre 2020, à l’hôpital Pierre-Le Gardeur.
C’est que le conjoint de Mme Bilodeau, Bruno Turcotte, aurait négligé de lui fournir les soins médicaux et de base dans les semaines et les mois avant son décès, selon la poursuite.
Il subit donc un procès devant jury, présidé par le juge de la Cour supérieure Daniel W. Payette, pour homicide involontaire.
Déshydratée
L’homme de 61 ans avait la charge de sa femme depuis un accident vasculaire cérébral en 2011, qui l’avait laissée avec de lourdes séquelles.
Mais voilà que dans les heures précédant sa mort, Mme Bilodeau avait des lacunes dans son alimentation et son hydratation, en plus d’avoir de douloureuses plaies, a-t-on constaté à l’hôpital.
« L’hypothèse la plus plausible est qu’elle n’a pas un apport nutritionnel adéquat au niveau des protéines », a entre autres conclu la Dre Thibault.

Photo courtoisie
Photo prise aux funérailles de Johanne Bilodeau, décédée en septembre 2020.
Si l’équipe médicale a tout tenté pour la sauver, ses proches désiraient éviter de l’« acharnement » dans l’intensité des soins qui devaient lui être prodigués. Ceux-ci voulaient prioriser le « confort » de Mme Bilodeau au prolongement de sa vie.
Considérant sa « dénutrition avancée » et son « déconditionnement », « les chances qu’on réussisse à la ramener [...] à une belle qualité de vie, c’était très très peu probable à ce stade-là déjà », a indiqué la Dre Thibault.
Rien à faire
En contre-interrogatoire, Me Marc Labelle, qui défend Bruno Turcotte en compagnie de Me Claudia Doyle, a cherché à savoir si de la nourriture et l’eau avaient été fournies à Mme Bilodeau dans les heures qui ont suivi son arrivée à l’hôpital.
« Ce n’est pas la nourriture ingérée qui va changer rapidement son état global », a fait valoir la Dre Thibault.
La travailleuse de la santé a aussi été pressée d’expliquer pourquoi les craintes pour la vie de Mme Bilodeau étaient si importantes, alors que la présence de certaines bactéries a été confirmée seulement après sa mort.
La Dre Thibault a néanmoins assuré que suffisamment d’indices laissaient croire que la victime souffrait d’une infection sévère.
Le médecin d’urgence Francis Quintal a pour sa part témoigné du fait que l’état de Mme Bilodeau a continué de se dégrader malgré son traitement.
La cause reprend mardi au palais de justice de Laval.
– Avec la collaboration d'Erika Aubin