Un enseignant retraité de Saint-Hyacinthe aurait notamment profité des cours d’éducation physique pour toucher la poitrine et les parties intimes de fillettes du primaire, lui qui a été dénoncé après le mouvement #moiaussi par neuf de ses anciennes élèves.
«Malheureusement, je réagissais de façon silencieuse et inerte, je ne me souviens pas d’avoir eu des mouvements défensifs ou de recul. Je me sentais inconfortable. Je n’étais pas bien», a relaté l’une des présumées victimes de Gilles Robineau à propos des attouchements.
Le professeur aujourd’hui retraité subit son procès au palais de justice de Saint-Hyacinthe pour agression sexuelle, contact sexuel et attentat à la pudeur. Dans les années 1970 et 1980, il aurait fait au moins neuf victimes, qui étaient toutes ses élèves à l’époque.
Caresses sous les vêtements
Les trois premières victimes présumées qui ont témoigné aujourd’hui avaient moins de 10 ans quand Robineau était leur enseignant en éducation physique dans une école primaire de Saint-Hyacinthe. Leur identité est protégée par une ordonnance de la Cour.

Photo courtoisie Sûreté du Québec
L’ex-enseignant en éducation physique Gilles Robineau lors de son arrestation par la Sûreté du Québec, en novembre 2018.
Il aurait notamment caressé une des fillettes plusieurs fois à la poitrine par-dessus et sous son léotard, alors qu’elle l’aidait avec du matériel pour le cours dans un petit local de rangement adjacent au gymnase. «Ma poitrine était au stade zéro, je n’avais aucune forme», a-t-elle précisé.
Lors d’exercices sur le cheval sautoir, il aurait touché son pubis, parfois jusque sous ses vêtements, a rapporté la femme devant le juge Christian Jarry. «Il rentrait sa main par l’aine», a-t-elle dit.
Pour une autre élève, c’est lors de cours de gymnastique après l’école que Robineau en aurait profité pour l’agresser: «Il rentrait ses doigts entre mes fesses et le léotard comme pour le replacer. Ç’a été plus loin après.»
Cette fois, son prof aurait alors frotté son membre en érection sur elle tout en la serrant de dos. «Dans ce temps-là, je ne savais même pas c’était quoi», a dit timidement celle qui est aujourd’hui âgée dans la cinquantaine.
Elle n’en a jamais parlé à personne à l’époque, car les leçons privées après l’école «étaient leur secret.» Inconfortable, elle y a mis fin après cet événement.
Dans le même local
Une troisième présumée victime a raconté elle aussi s’être fait toucher la poitrine dans le petit local de rangement, à l’école Saint-Thomas-d’Aquin.
«On était assis dans le gymnase et il m’a demandé d’aller chercher des effets pour le cours dans la salle où étaient rangés les objets. J’étais en avant de lui [...] ses mains se sont retrouvées sur mes seins», a-t-elle dit en répondant aux questions de la procureure de la Couronne, Me Marie-Claude Morin.
Gilles Robineau, qui est défendu par Me Brigitte Martin, s’était fait passer les menottes à son domicile en Mauricie par la Sûreté du Québec, en novembre 2018. Les témoignages des six autres présumées victimes se feront entendre au courant de la semaine au procès de l’homme âgé de 72 ans.
Ce qu’elles ont dit...
«J’adorais la gymnastique et la danse. Mes parents n’avaient pas les moyens pour nous [inscrire] à des cours. Mais j’y ai mis un terme, je ne voulais plus y aller. J’étais naïve à cet âge-là, mais pas assez pour y retourner.» — Une présumée victime à propos de leçons de gymnastique privées avec son ancien professeur
«Le mouvement #moiaussi à l’automne 2017, ça a ravivé mes souvenirs et le sentiment de vouloir faire quelque chose avec ça.»
«Je ne comprenais pas exactement ce qui se passait et on n’en parlait pas à ce moment. Je restais pognée avec mon ressenti.» — La première femme à avoir dénoncé Gilles Robineau, qui aurait été agressée dans le local et lors d’exercice sur le cheval-sautoir
«J’ai figé. Après, je n’ai pas voulu me rapprocher de lui. Je partais le plus vite possible [du cours d’éducation physique].» — Une présumée victime, aujourd’hui âgée de 52 ans, qui se serait fait toucher la poitrine dans le local de rangement