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Augmentation du taux directeur: le remède est-il devenu le poison?

Statistique Canada a annoncé mardi que l’inflation repartait à la hausse, la faute notamment au coût de l’essence, aux prix des loyers et au coût de l’intérêt hypothécaire.

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L’inflation est ainsi remontée à 4% en août. Seul le panier d’épicerie résiste à la hausse.

Une majeure partie de la récente inflation est néanmoins due à la seule augmentation du taux directeur.

«Évidemment, les ménages canadiens paient davantage pour leur hypothèque, et ça se traduit aussi par des mises en chantier qui sont plus lentes [...], ce qui fait que le prix des loyers également a augmenté assez significativement», détaille à l’émission Le Bilan l’économiste Francis Gosselin.

«Si on enlève ces deux composantes, qui sont essentiellement les composantes du logement, dont l’augmentation est attribuable à l’augmentation du taux directeur, il n’y a pratiquement pas d’inflation au Canada», ajoute-t-il en avançant qui plus est que la Banque du Canada doit selon lui considérer cet aspect «dans ses calculs avant de prendre sa prochaine décision en octobre.»

Des ménages «étouffés» financièrement

La présente situation a des airs de paradoxe, puisque l’élévation du taux directeur, qui selon certains experts est aujourd’hui responsable de l’inflation, était initialement une mesure de la Banque du Canada afin d’atténuer et de prévenir l’inflation.

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«C’est exactement la stratégie que la Banque du Canada souhaitait réaliser. C’est-à-dire qu’en "étouffant" les ménages canadiens avec des paiements hypothécaires beaucoup plus élevés, [...] on retire de l’argent de la consommation courante, de la vente au détail, de voyage et de service. Donc essentiellement, c’est ce qui allait se passer», explique M. Gosselin.

«Je pense que personne n’est surpris aujourd’hui d’apprendre, par exemple, que le paiement hypothécaire moyen au Canada a augmenté de 30%», rappelle-t-il.

Amortissement négatif

L’étranglement financier de certains ménages est tel qu’environ un sur cinq ne fait que payer des intérêts sur son hypothèque.

«On appelle ça de l’amortissement négatif, c’est-à-dire que c’est un ménage qui a un paiement fixe, avec un taux qui est variable, et donc à un moment donné, quand le taux hypothécaire augmente et que le paiement est fixe, on se retrouve dans une situation où le paiement mensuel ne couvre même pas les intérêts sur le prêt», détaille l’économiste, qui ajoute qu’en situation d’amortissement négatif, la dette d’un propriétaire augmente chaque mois.

Le taux directeur est passé en très peu de temps de 0,25%, au début de 2022, à 5%, de sorte que pour certains ménages, les paiements du taux hypothécaire ont pu augmenter de 57%.

«Et ça, évidemment, même les gens les plus riches dans la société peuvent difficilement faire face à une augmentation de 60% de leurs paiements hypothécaires», déplore l’économiste.

«C’est ça la particularité de ce qu’on vit ces temps-ci, avec la Banque du Canada et la période inflationniste», conclut-il.

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