Les universités anglophones sont de plus en plus fréquentées à Montréal : 40% des étudiants universitaires de la métropole étudient dans la langue de Shakespeare, une proportion en augmentation depuis près de vingt ans qui inquiète un expert.
«C’est énorme comme impact», laisse tomber Martin Maltais, professeur à l’Université du Québec à Rimouski spécialisé dans le financement du réseau universitaire.
L’Office québécois de la langue française (OQLF) a rendu publics mardi ses plus récents chiffres sur la fréquentation universitaire selon la langue d’enseignement.
On y apprend que sur l’île de Montréal, la proportion des étudiants fréquentant une université anglophone est passée de 37,6% en 2002 à 40,3% en 2021, soit une augmentation de 2,7 points de pourcentage.
L’attrait pour l’anglais dans la métropole se traduit aussi par une augmentation des demandes d’admission dans les universités anglophones, dont la proportion est passée de 37% à 46% au cours de la même période.
Pour l’ensemble de la province, la proportion d’étudiants qui fréquentent une université anglophone est passée de 24,4% à 25% entre 2002 et 2021.
Ce ne sont toutefois pas les francophones qui contribuent à cette popularité grandissante, puisque la proportion d’entre eux qui fréquentent une université anglophone est restée relativement stable depuis 2002, se situant à environ 6%.
Les étudiants allophones sont de leur côté plus nombreux à opter pour des études dans la langue de Molière, puisque 58% d’entre eux fréquentent désormais une université francophone comparé à 50% en 2002.

Photo Ameli Pineda, archives Agence QMI
Étudiants étrangers
La hausse de fréquentation des universités anglophones s’explique plutôt en bonne partie par la présence croissante d’étudiants étrangers, selon l’OQFL : leur proportion a grimpé de 12 à 25% au cours de cette période dans les universités anglophones, alors qu’elle est passée de 5 à 13% dans les universités francophones.
Or ces étudiants étrangers contribuent directement à l’anglicisation de Montréal, selon M. Maltais, puisqu’il s’agit pour la plupart d’étudiants à la maîtrise et au doctorat qui vivent en anglais au quotidien.
«On n’arrivera pas à s’en sortir si on ne ramène pas la fréquentation universitaire anglophone à 25%», affirme-t-il.
Cet expert ne propose pas de diminuer drastiquement le nombre d’étudiants qui fréquentent les universités McGill ou Concordia, mais plutôt de diriger la croissance du réseau universitaire essentiellement vers les établissements francophones.
Le gouvernement Legault doit cesser de financer en partie la formation d’étudiants canadiens et étrangers qui fréquentent les universités québécoises anglophones, ajoute-t-il.
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Selon des chiffres publiés par Le Journal en début d’année, Québec y consacre annuellement près de 200 millions $, alors que ces étudiants contribuent à l’anglicisation du Québec, dénonce M. Maltais.