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Présumé espion chinois: l’accusé aurait eu de la difficulté à comprendre la notion de conflit d’intérêts

Il avait été convié à une rencontre en 2016 dans une «salle secrète» de l’Agence spatiale canadienne

TOMA ICZKOVITS

Un ancien ingénieur de l’Agence spatiale canadienne accusé d’être un espion chinois avait une faible compréhension du concept de conflit d’intérêts, selon un chef du département de sécurité de l’organisme fédéral.  

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« Il croyait qu’il comprenait [la notion de conflit d’intérêts], mais il manquait de compréhension sur les fins détails », a expliqué Paul Bélair au procès de Wanping Zheng, accusé d’abus de confiance. 

On reproche à l’accusé de 63 ans d’avoir utilisé son statut d’ingénieur au sein de l’appareil fédéral canadien pour servir les intérêts d’une compagnie aérospatiale chinoise. 

Dès 2015, des doutes avaient été soulevés quant à la loyauté de M. Zheng envers le Canada. 

En décembre 2016, il avait même été convoqué pour un entretien visant à établir sa compréhension de la notion de conflit d’intérêts. La rencontre s’était tenue dans une « salle secrète » à l’Agence spatiale canadienne (ASC).

Confiance affectée

Des scénarios hypothétiques lui avaient été présentés et il devait dire comment ces exemples pouvaient être perçus comme une infraction à son code d’éthique. 

« Les réponses qu’il donnait sonnaient comme s’il disait ce que je voulais entendre. Donc oui, il disait comprendre, mais j’avais des doutes », a poursuivi M. Bélair. 

M. Zheng avait tendance à avoir des versions d’événements différentes des autres, « ce qui peut affecter la confiance qu’on lui porte », a noté M. Bélair.

Après cette rencontre, il avait été décidé que sa cote de sécurité requise pour effectuer son travail ne serait renouvelée que pour deux ans, au lieu de dix. 

Des recommandations avaient aussi été émises : il devait notamment participer à une rencontre d’information avant de partir pour un voyage d’affaires ou d’agrément, plus particulièrement lorsque la destination était la Chine. 

Or, rien de ce qui avait été recommandé n’a été fait, a déploré le témoin. Plusieurs mois plus tard, M. Bélair aurait appris d’une « source externe » que Wanping Zheng avait voyagé en Chine, sans avoir eu un rappel des mesures de sécurité. 

Ce genre de rencontre d’information lui a été imposée cette fois en 2018, lorsqu’il a pris un congé sans solde de six mois. Il devait voyager en Californie ainsi qu’en Chine, pour voir des amis et de la famille. 

Une cible

Le but de la rencontre était de le sensibiliser au fait que son statut d’ingénieur dans le domaine de la science pour une instance gouvernementale fait de lui une cible, en raison des informations précieuses qu’il détient, a expliqué lors du procès une des employées de l’équipe de sécurité de l’ASC, Julie Ouellette. 

Elle l’a rencontré à nouveau à son retour au travail. Ce qu’elle a appris l’a inquiétée au point où une enquête interne a été déclenchée. Lors de son séjour aux États-Unis, M. Zheng aurait en effet aidé des amis à démarrer une compagnie... dans le domaine spatial. 

« Il m’a dit qu’il n’a pas été payé », a précisé la témoin. 

Mais l’enquête interne n’a finalement pas abouti puisque M. Zheng était parti en congé de maladie les jours suivants. Ce congé s’est perduré jusqu’à ce qu’il démissionne l’année suivante.

L’enquête avait par contre révélé que durant son congé sans solde, l’accusé avait contacté deux partenaires de l’ASC, dont un dans l’espoir de se rapprocher de l’Islande, pour un projet. 

M. Zheng représentait alors les intérêts de Spacety, une compagnie chinoise, qui voulait installer une station terrestre dans le pays nordique. 

Il a été arrêté puis accusé d’abus de confiance en 2021.

Son procès se poursuit demain au palais de justice de Longueuil, devant le juge Marc-Antoine Carette. 

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