« Avant l’arrivée de Tom Mulcair à sa tête, le NPD était à la pointe de la bataille pour l’égalité des sexes. Élu chef en 2012, Mulcair a enlisé son parti dans un bourbier d’intolérance patriarcal. Prenant fait et cause pour les religions qui traitent les femmes comme des citoyennes de seconde zone, il a défendu comme admirable l’imposition du voile intégral – symbole ultime de l’oppression. C’est un lamentable retour à la rhétorique patriarcale contre les femmes, prises pour cible à des fins électorales et c’est abject. Pas étonnant 52% de ses militants l’aient expulsé. »
Je viens d’appliquer à Tom la méthode Mulcair. Celle qu’il a utilisée envers moi et PSPP dans sa chronique, Paul St-Pierre Poilievre ou l’intolérance comme arme politique. Comme lui, j’ai fait une fausse comparaison : Lévesque défendait les homosexuels, PSPP non. C’est aussi faux que de dire que le NPD défendait les femmes, Mulcair non. J’ai utilisé son expression « enlisé dans le bourbier de l’intolérance ». J’ai fait un raccourci entre sa défense du droit du port d’un signe religieux et le fait qu’il soit lui-même misogyne, exactement comme il l’a fait en disant que la mise en cause par PSPP de l’enseignement de la théorie du genre à l’école signifiait qu’il était intolérant envers les gais. Je lui ai prêté une intention : vouloir se faire du capital politique sur le dos des femmes, comme il en prête à PSPP sur la question du genre. J’ai même repris son « c’est abject ». J’ai tordu la signification de son vote de non confiance.
- Écoutez en balado la Rencontre de Jean-François Lisée et Thomas Mulcair où les deux hommes s'expliquent en direct lors de l'épisode de Richard Martineau disponible sur la plateforme audio et vidéo QUB radio :
Le Code de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes prescrit que, même dans « les chroniques et les billets ou dans le journalisme engagé, où l’expression des opinions prend une large place, les journalistes doivent tout autant respecter les faits ».
Or Tom trahit les faits. Selon lui, j'ai «affirmé que les musulmanes qui portaient le voile intégral constituaient une menace pour la sécurité.» C'est faux. J'ai affirmé qu'il n'était qu'une question de temps avant qu'un terroriste ou un criminel n'utilise le voile intégral pour commettre un crime. J’avais raison. Des criminels l'ont porté au Canada pour des vols et pour une tentative de meurtre, aux États-Unis pour des vols et pour une agression sexuelle. Aux prises avec de nombreux attentats commis avec ce vêtement, une douzaine d’États africains l’ont interdit.
Il écrit: «du bon travail journalistique avait vite permis de débusquer cette supercherie. Aucun corps de police n’était d’accord avec cette affirmation.» C'est faux. L’article auquel il réfère indique que la GRC a refusé de commenter et que la SQ et la SPVM ont affirmé ne pas avoir de «document» ou de «rapport» sur la question.
Puis il y a la question du savoir-vivre. Je passe une quinzaine de minutes tous les matins avec Tom sur les ondes de Qub. Même si je suis en désaccord avec lui sur des sujets importants, il ne me serait jamais venu à l’esprit de l’embrocher violemment dans une chronique, encore moins de le diffamer. Chacun son style.
Jean-François Lisée
RÉPONSE DE THOMAS MULCAIR
On peut différer d’opinions et avoir une lecture différente des faits. -Thomas Mulcair